Difficile loi de programmation militaire 2014-2019
Une fois n'est pas coutume, tradition parlementaire, c'est le Sénat qui va se pencher en première lecture sur le texte avant l'Assemblée nationale. Un vote est prévu ce soir avant le départ de la navette pour le Palais Bourbon. Cette Loi de Programmation Militaire est un concentré d'embrouilles et de challenges inatteignables. Difficile exercice d'équilibre entre ambitions et moyens, entre visées stratégiques et difficultés de financement en période de disette budgétaire.
Financièrement, de quoi parle-t-on ?
La Défense est le troisième budget de l'Etat derrière l'Education nationale et la charge de la dette. C'est surtout le premier budget d'investissements publics.
Les crédits inscrits pour les prochaines années s'élèvent à 184 milliards d'euros, à quoi il faut ajouter quelque 6 milliards de ressources extérieures (les REX) provenant notamment de la vente de fréquences ou de patrimoine immobilier.
On arrive donc à un total de 190 milliards d'euros d'ici 2019 (1,3% du PIB). Par an, cela fait un peu moins de 32 milliards d'euros. Outre les crédits d'investissements et de maintien opérationnel des forces et du matériel, 34.000 postes seront supprimés. En 2014, la défense devra fournir à elle seule 60% des suppressions d'emplois publics.
Cette loi a pour objectif de maintenir en l'état l'industrie française de Défense, dont l'avion de combat Rafale fabriqué par Dassault
Le Rafale coûte à la production 100 millions d'euros l'unité. Il faut environ 3 ans pour le fabriquer et le financement s'accélère sur les deux dernières années. D'où l'intérêt de trouver rapidement des acquéreurs. C'est là où le bas blesse : le Rafale n'a toujours pas trouvé preneur à l'étranger... avec le Qatar, l'Inde fait figure de favori mais le négociateur qui représentait le gouvernement de New Dehli est décédé il y a quelques semaines, beaucoup s'interrogent mais notre ministre de la Défense se veut confiant.
Sur les 11 Rafale prévus en sortie de chaine en 2016, 4 sont destinés à la France, les 7 autres à l'étranger et, vu les circonstances, le financement du programme risque bel et bien de reposer largement sur nos épaules. L'Etat français est actionnaire de Dassault via sa participation dans EADS.
On imagine les financiers de Bercy s'arracher les cheveux. Que peut faire le politique ?
Ca va être l'objet de la discussion au Sénat aujourd'hui. Dans couloirs feutrés du Palais du Luxembourg, il se murmure que plusieurs amendements présentés par l'UMP envisagent la cession de participations de l'Etat dans certaines entreprises... quelque 20 milliards potentiels sur un portefeuille disponible de 75 milliards d'euros. EADS, SAFRAN, la Direction des Constructions navales... les noms vont sortir des cartons mais les socialistes ne l'entendront pas de cette oreille. Le Livre Blanc de la défense initié par François Hollande lors de son arrivée à l'Elysée va connaître un cheminement difficile.
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