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Europe : vers un grand Airbus de l'armement terrestre

Un premier pas vient d'être franchi pour la construction d'un grand Airbus de l'armement terrestre. Les fabricants de blindés français Nexter et allemand KMW ont entamé hier un rapprochement pour former le leader européen dans ce secteur.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Un blindé présenté par Nexter en 2013. © Arnaud Beinat/MAXPPP)

Les représentants des deux entreprises et l'Agence française des participations de l'Etat ont signé un accord qui ouvre une phase de discussions pour constituer une co-entreprise dans les neuf prochains mois. La nouvelle entité qu'ils détiendront à égalité dépassera en chiffre d'affaires l'allemand Rheinmetal ainsi que le britannique BAE-Systems. Cet accord marque une nouvelle étape dans la consolidation de l'industrie européenne de l'armement après la constitution du géant de l'aéronautique EADS, récemment rebaptisé Airbus Group. A terme, Nexter détenu à 100% par l'Etat français - c'est l'ancien Giat Industrie - qui fabrique le char Leclerc, et KMW (groupe familial) qui fabrique le Léopard, ont vocation à fusionner.

Deux grands concurrents

Concurrents directs, Nexter et KMW sont sensiblement identiques en taille : 2.800 salariés côté français, 3.000 côté allemand. Similaire également en termes de chiffre d'affaires : 790 millions d'euros pour Nexter en 2013 et 1 milliard pour KMW. Seule différence significative entre les deux entreprises : le volume des carnets de commande. Quand Nexter commercialise 800 chars Leclerc, son rival allemand vend près de 3500 Léopard.

La fusion va donc créer le leader européen de l'armement terrestre avec complémentarité des compétences. Nexter pourra bénéficier du réseau commercial d'exportation très solide de KMW... quant à l'entreprise allemande, elle profitera de la modernisation des véhicules blindés de combat français.

Un rapprochement important aujourd'hui

L'enjeu est de taille à l'heure où le marché de l'armement terrestre est de plus en plus concurrentiel. De nouveaux acteurs apparaissent, chaque pays possède son industrie de défense terrestre – c'est important pour la souveraineté –, mais tous doivent faire face à une réduction des budgets défense par les Etats. Le seul moyen de s'en sortir est de se serrer les coudes, de rationaliser les moyens de production pour offrir des produits plus compétitifs qui coûtent moins chers à produire sans perdre en qualité.

Donc, au final, les gains financiers sont assurés. Gains également en termes de chiffres d'affaires puisque la nouvelle entité devrait peser entre 1,8 et 2 milliards d'euros. Normalement, ce regroupement ne devrait pas avoir de conséquences sur l'emploi mais, comme toujours dans une telle opération, attendons de voir.

Vers une union de la défense

N'allons pas trop vite en besogne. Le rapprochement de Nexter et KMW est une opération très importante, à la fois sur le plan économique mais aussi psychologique : sans lâcher nos souverainetés nationales, on se met ensemble pour proposer une meilleure offre à des clients toujours plus exigeants et demandeurs d'armes de pointe de plus en plus sophistiquées.

Les Etats-Unis ont entamé ce mouvement il y a déjà bien longtemps. Quant à l'Europe unie de la défense, nous en sommes encore loin. Il ne faut pas oublier qu'à côté de l'aspect industriel il y a aussi et surtout la dimension politique et tactique qui est bien plus lourde qu'une simple histoire d'engins blindés. Sur ce plan, l'Europe avance plutôt à petit pas.

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