Faut-il vraiment s'inquiéter pour le crédit aux entreprises ?
Oui, cette crainte est légitime mais elle n’est pas forcément justifiée. La problématique du crédit, c’est exactement comme ce que l’on dit du bâtiment : vieil adage : « quand le bâtiment, va tout va ! ». Idem pour le crédit car il finance l’investissement des entreprises… et on sait que derrière l’investissement, il y a l’innovation et l’emploi (que ce soit pour l’industrie ou les PME). Et puis il ne faut pas oublier les collectivités territoriales qui recourent également au crédit pour assurer leur développement au service du public.
Vous nous en parliez dès hier matin… : que ce soient les experts de la commission européenne ou les industriels français… tout le monde redoute une crise du crédit ! Qu’en est-il dans les faits ?
Et bien, objectivement, une étude de l’Observatoire du Financement des Entreprises, qui date du printemps, montre que, quelle que soit leur taille, les entreprises ont eu recours au crédit sans difficulté, même si, il est vrai que depuis la crise de 2008, les banques font très attention et pour certaines petites entreprises, l'incompréhension est grande quand le prêteur refuse de financer certaines dépenses pourtant jugées utile par l'entrepreneur. Et puis, vous me direz : le mois d'avril, c’est loin… depuis, la crise a joué des claquettes et les banques qui prêtent l’argent ont de plus en plus de difficultés à se financer elles-mêmes. C’est vrai. Mais il ne faut pas broyer du noir pour autant.
Vous voulez dire que, dans le contexte de crise actuel, il y a toujours de l’argent disponible ?
Un chiffre : fin juillet, le montant des encours des crédits accordés aux entreprises s'élevait à 815 milliards deuros. Loin de moi l’idée de contredire les fonctionnaires de Bruxelles… effectivement, la situation européenne n'est pas brillante, mais il faut arrêter de « désespérer Billancourt ». On l’a vu cette semaine avec la Société Générale et BNP-PARIBAS : les banques allègent leurs bilans, essaient de trouver des sources de financements moins chères que le dollar… mais elles n’ont aucun intérêt à tarir leur politique de crédit, au contraire ! Pour une banque, le crédit aux entreprises, c’est du dépôt, donc une ressource stable. Non seulement elle gagne de l’argent sur les intérêts mais, en plus, elle fidélise la clientèle. Si j’étais vulgaire, je dirais que, pour elle, « c’est tout bénef… ». Par contre, les banquiers vont regarder de plus prêt les crédits accordés… gare aux projets farfelus (ce qui, finalement, n’est pas plus mal)… les choix vont être beaucoup plus sélectifs… gageons que cela ne pèse pas trop sur l’innovation et sur la gestion quotidienne des petites entreprises.
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