Filière bois : entre espoirs et désarroi
La forêt française s’étend aujourd’hui sur 16 millions et demi d’hectares, ce qui représente environ 30% du territoire et fait de la France le quatrième pays le plus boisé d’Europe après la Suède, l’Espagne et la Finlande.
La filière bois, ce sont 440.000 emplois directs et indirects, un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros par an, mais une perte annuelle de 6 milliards.
C’est une force de frappe économique et une ressource extraordinaire mais qui n’émerge plus.
Avantages et inconvénients
La filière bois française est bourrée de paradoxes. La diversité : composée de quelque 130 espèces, la forêt française est une véritable richesse environnementale mais un poids économique de par l'entretien qu'elle nécessite.
Elle est composée principalement d'arbres feuillus alors que les industriels privilégient les résineux, notamment pour la construction.
L’industrie de transformation est très fragile. Sur les 1.800 scieries que compte encore la France, plus d'une centaine met la clef sous la porte chaque année. Pendant ce temps, on exporte vers l’Asie des chênes et des hêtres que l’on fait revenir par containers entiers sous forme de meubles, cuisines et panneaux préfabriqués.
Equilibre écologique et dimension économique sont conciliables ?
Le problème de la France est de ne pas avoir de véritable stratégie. Deux exemples très simples : la forêt française est morcelée. Près de quatre millions de propriétaires privés se la partagent entre 70 et 80%. Pourquoi ? Parce que les avantages fiscaux dominent sur la gestion économique des espaces boisés – les réductions fiscales sont très intéressantes pour le calcul de l’ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune.
Second exemple : la recherche et la technologie. Le Carrefour international du bois qui se tient à Nantes jusqu’au 3 juin regorge d’idées géniales, comme cette entreprise qui propose, par la modification thermique – écologiquement neutre –, de donner à nos bois dont le peuplier les mêmes vertus que les essences tropicales comme le teck. Les bénéfices sont multiples : plus besoin d’importer des bois coûteux, et on utilise nos propres matériaux en circuit court.
L’économie de la forêt est comme celle de la mer : bien trop négligée. Pourtant, cinq ministères se penchent sur son berceau : l’Agriculture, l’Industrie, le Budget, l’Ecologie et le Logement. Excusez du peu.
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