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Fusion EADS - BAE Systems, un difficile mariage de raison

Le groupe d'aéronautique et de défense européen EADS (maison-mère d'AIRBUS), et le britannique BAE SYSTEMS, doivent dire aujourd'hui si, oui ou non, ils décident de fusionner pour créer un géant mondial du secteur. Les autorités boursières britanniques leur donnent jusqu'à 18 heures (heure de Paris) pour se prononcer.
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Finalement, les deux groupes devraient demander un délai supplémentaire pour négocier. Certains voient dans cette fusion le mariage de la carpe et du lapin (une logique avant tout d'Etats et non industrielle) ; d'autres, plus nombreux, y voient un mariage de raison. Un mariage qui ferait avancer la construction de l'Europe sur le plan industriel, permettrait d'affronter la baisse des budgets de défense en Europe et résister aux variations de cycles de l'aviation civile, créerait un géant mondial de l'aéronautique et de défense capable de battre l'américain Boeing, notamment sur le marché asiatique en pleine expansion. Le nouvel empire industriel emploierait 220.000 personnes et atteindrait un chiffre d'affaires de 70 milliards d'euros (pour référence, l'an dernier, Boeing a dégagé une activité légèrement inférieure à 50 milliards d'euros).  

La révélation par la presse anglo-saxonne – mi-septembre – de l'existence des discussions entre EADS et BAE SYSTEMS a mis en évidence la complexité du dossier.

D'ailleurs, on pourrait se demander à qui profite la fuite de cette information. Aux américains, pressés de connaître les intentions de leur partenaire britannique BAE SYSTEMS en difficultés financières et sous contrat avec le Pentagone, ou aux britanniques soucieux de voir le processus s'accélérer. Le caractère hautement stratégique de l'opération fait qu'aucun des pays impliqués (France, Allemagne et Grande-Bretagne) n'entend perdre la face. L'Etat français détient 15% du capital d'EADS. Berlin en est absente mais voudrait avoir la même force de frappe que Paris dans la future entreprise, ce qui l'obligerait à racheter pour plusieurs milliards d'euros des titres que le groupe Daimler possède dans EADS. Difficilement acceptable aux yeux d'Angela MERKEL qui réclame également la localisation du siège en Allemagne.

De leur côté, Londres et Paris se seraient mis d'accord.

A condition que Berlin l'accepte, les 3 capitales se contenteraient d'une parité parfaite : détenir moins de 10% du capital du nouvel ensemble avec, chacun, une action spécifique permettant de bloquer toute décision stratégique. Une action spécifique bien étrange pour qui veut défendre des intérêts communs. Se pose également la question du management. Que pèseront les dirigeants du futur groupe face aux trois Etats actionnaires omniprésents comme on vient de le voir ? Le patron d'EADS, l'Allemand Tom Enders, est présenté comme un roc. Mais l'histoire des prochaines heures, et des prochains mois, pourrait peut-être montrer qu'une formation de commando parachutiste ne donne pas forcément la carrure suffisante pour affronter les politiques, eux aussi aguerris au parcours du combattant.

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