Hausse de la production industrielle en avril : l'hirondelle fera-t-elle le printemps ?
Est-ce l'hirondelle qui va faire le printemps ? Bien sûr, je ne vais jouer le rabat-joie forcené face à ce chiffre encourageant... car il l'est, effectivement... mais il mérite quelques explications.
D'abord les données qui permettent d'arriver à ce +2,2%. Tous les secteurs recensés (hors énergie et secteur minier) ont progressé ! Industrie manufacturière : +2,6% ; Textile/habillement : +4 et demi, produits agricoles et agro-alimentaires : +2,3%, métallurgie 3%. Plus étonnant : l'automobile qui a progressé de 4,6% en avril. La chute de 13 points enregistrée en janvier semble bien loin.
Comment expliquer cette tendance et, surtout, peut-elle se prolonger ?
Est-ce le début d'un lent et laborieux redémarrage de notre économie après la récession confirmée pour le premier trimestre ? A vrai dire, les économistes que j'ai interrogés sont dubitatifs et restent très prudents sur les perspectives. Pour les explications, ils invoquent ce que l'on appelle les "aléas positifs" de l'économie. Certains mois l'activité reprend grâce à un phénomène cumulé de promotions, destockage, opérations diverses mais qui n'inscrit en rien le mouvement dans la durée. C'est du coup par coup. Les observateurs en veulent pour preuve l'étonnante hausse mensuelle du secteur auto et qu'il va falloir disséquer pour mieux comprendre.
En général, ils préfèrent attendre de voir comment va se tenir l'activité sur l'ensemble du deuxième trimestre (après la bonne nouvelle d'avril, que se passera-t-il en mai et juin ?)... pour l'instant, on est encore environ 2% en-dessous du niveau où nous étions à la même époque l'an dernier... et puis, autre donnée importante : le secteur des services, lui, ne décolle pas.
Donc cette reprise ne pourrait être qu'un feu de paille ou c'est vraiment encourageant ?*
Ce qui est encourageant, c'est que l'on constate cette embellie pratiquement partout dans la zone euro. Toutes les enquêtes d'opinion menées auprès des industriels et des chefs d'entreprises au sens large restent sombres mais se rapprochent de zéro. On reste dans le négatif mais on est moins dans le moins si vous me permettez l'expression ! Le pays où l'indicateur remonte le plus en ce moment ans l'adversité c'est l'Espagne. L'Italie est un peu derrière mais progresse également.
L'un des facteurs clefs de la reprise est la confiance. Cette confiance, c'est à nos dirigeants de l'instaurer, notamment par des politiques entrepreneuriales et fiscales adaptées. On néglige trop souvent cette dimension psychologique de l'économie. C'est ce climat qu'il faut entretenir pour que l'hirondelle du printemps s'envole réellement... pour l'instant, on n'a qu'un petit hirondeau (NDLR : le petit de l'hirondelle).
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