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L'avenir de l'Europe vue par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel

Comme prévu, Angela MERKEL a prononcé son discours sur l'Europe ce matin devant le Bundestag... ce discours intervenait au lendemain de celui prononcé par Nicolas SARKOZY à Toulon. Autre lieu, autre ambiance... la chancelière allemande a-t-elle renvoyé la balle au président de la République française?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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On sait que les deux protagonistes avaient échangé leurs textes avant de parler... hier, lorsqu'il est monté sur scène à Toulon, Nicolas SARKOZY connaissait donc la teneur du discours qu'Angela MERKEL a prononcé ce matin au pupitre du Bundestag, et vice versa. Pour autant, l'un a-t-il pris l'avantage sur l'autre ? Pas vraiment... si ce n'est qu'Angela MERKEL a réaffirmé plusieurs fondamentaux très liés, non pas aux textes européens, mais à la Constitution allemande. L'exemple le plus emblématique est celui des eurobonds, ces euro-obligations qui permettraient de mutualiser la dette des pays en difficultés dans la zone euro. C'est un point de friction entre Paris et Berlin... hier, Nicolas SARKOZY n'en a absolument pas parlé... ce matin, Angela MERKEL leur a fermé la porte... les a balayé d'un revers de la main : "La constitution allemande n'autorise pas le transfert de la maîtrise du budget à une institution européenne... de ce fait, la discussion sur les euro-obligations n'a aucun sens". Fin de citation.

Autre point important dans les discussions : la place et le rôle de la Banque Centrale Européenne...

Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL sont au moins d'accord sur un point : l'indépendance de la BCE doit être préservée. Mais Paris voudrait quand-même voir évoluer ce statut pour permettre à l'établissement francfortois d'aider les pays en difficulté (ce qui n'est pas prévu aujourd'hui). Et bien là encore, tacle signé Angela : "la BCE n'a pas la même mission que la réserve fédérale américaine ou la banque d'Angleterre. Donc "Nein"... il n'y a pas de raison que cela change.
Le mot indépendance, la chancelière allemande l'a encore employé au sujet des tribunaux dont la Cour européenne de justice (cette cour que le Président français n'a pas du tout cité hier alors qu'elle est appelée probablement à jouer un rôle important dans les sanctions applicables aux Etats qui ne respectent pas les règles budgétaires). Là encore, l'indépendance doit être préservée dit-elle. Ca commence à faire beaucoup !

Et la réforme des Traités... les deux capitales sont-elles en phase  sur cette question ?

C'est le point qui pose visiblement le moins de problème... il faut même reconnaître que le discours est identique de part et d'autre du Rhin : réformer les traités européens est indispensable pour parvenir à plus de solidarité. Mais il faudra être stricte sur les budgets en amont... stricte sur la discipline... les gouvernements devront l'accepter sans pour autant avoir peur de perdre leur souveraineté.
BCE, EUROOBLIGATIONS, REFORME DES TRAITES... tout cela prendra du temps... comme l'a dit Angela MERKEL : il faudra des années pour résoudre une crise "marathon"... cela se jouera sur le long terme grâce à une intégration budgétaire accrue. L'union budgétaire justement... la Chancelière estime que l'Europe est sur le point de la mettre en place : "nous ne faisons pas qu'en parler, nous sommes sur le point de la réaliser". Là encore cette citation est reprise du discours au Bundestag ce matin et non de celui prononcé hier à Toulon. Qui qu'il en soit : Madame MERKEL s'est voulue rassurante... message peut-être destiné au Président Français accusé de plier devant Berlin : "il est absurde de dire que l'Allemagne veut dominer l'Europe", a conclu Angela MERKEL... on ne demande qu’à la croire.

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