La BCE se lance dans le rachat de dettes d'entreprises privées
Dans les faits, la Banque centrale européenne rachète ce que l'on appelle des "obligations corporate ", un produit financier émis par une société privée auprès d'un investisseur pour lever des fonds et procéder généralement à des acquisitions ou rembourser des crédits. En réalité, ce nouveau système mis en place par la BCE revient à financer directement des mastodontes, des groupes pharmaceutiques, des constructeurs automobiles, des compagnies aériennes pour les aider à investir. Les premiers à avoir bénéficié de l’opération seraient le français Renault, le groupe de télécommunications italien Telefonica, l’industriel allemand Siemens ou encore le brasseur belgo-brésilien AB InBev.
Combien la BCE va débourser dans le cadre de cette opération ?
Ce plan est inclus dans celui déjà en vigueur – le Quantitative Easing . Chaque mois, la BCE rachète pour 80 milliards d’euros de dettes souveraines (dettes des Etats de la Zone euro). On estime qu’entre 5 et 10 milliards de cette somme globale sera désormais consacrée au rachat de dettes d’entreprises privées. Ce qui n’est pas sans faire réagir certains en Europe, dont l’Allemagne. Berlin estime que la BCE devient de plus en plus une banque commerciale avec le risque que des entreprises en difficulté ne lui transfèrent leurs passifs, et in fine que ce soit au contribuable européen de régler la facture. Pour donner un ordre de grandeur : le volume de titres éligibles à ces rachats d'obligations corporate dans l’Eurogroupe est estimé entre 500 et 700 milliards d’euros.
Est-on sûrs de la destination de cet argent ?
Il faudrait vérifier effectivement que les facilités accordées par la BCE servent bien à l’investissement. Sur ce point, la Banque centrale européenne ne dit pas si elle a prévu un contrôle particulier.
Et puis ce dispositif soulève une autre question. Ce sont uniquement les grands groupes qui sont ici aidés, or ce ne sont pas ceux qui sont le plus à court d’argent. Quid des PME/ETI qui ont plus de difficultés pour accéder au crédit ? Inutile de dire que la BCE, qui est déjà critiquée à plus d'un titre, vient de mettre le doigt dans un nouvel engrenage polémique. Elle assume au nom de la relance d'un peu d'inflation. On verra si cela paye au final.
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