La crise en Ukraine plonge les marchés dans une zone de turbulences
Rien de plus normal... je dirais même
que le contraire serait étonnant. Il est vrai que certains opérateurs
attendaient un prétexte pour prendre leurs bénéfices après les niveaux de
valorisation très élevés atteints ces dernières semaines (hier, à Paris, en une
seule journée, on a effacé tous les gains réalisés ces 10 derniers jours).
Mais
là n'est pas l'essentiel. Je le disais : que les bourses ne réagissent pas
aux événements géopolitiques serait totalement aberrant ! Et pour
cause : la bourse, c'est la chambre d'échos de tous les risques de la
planète, qu'ils soient économiques ou politiques. D'ailleurs, les baisses
enregistrées auraient pu – ou seront peut-être – plus importantes. Cela se
produira s'il y a des coups de feu, voire de réels affrontements en Ukraine ou
en Crimée.
La bourse n'est-elle pas censée
plutôt refléter la santé des entreprises ?
Quand la bourse porte un jugement
sur la valeur des actions, elle le fait en évaluant les bénéfices futurs des
entreprises mais elle prend aussi en compte l'incertitude qui pèse sur l'avenir
de ces bénéfices. Elle considère un environnement général. Quand les risques
apparaissent, les opérateurs les répercutent immédiatement... on entre alors dans
une période dite de " volatilité des marchés " (un analyste de la
place financière de Paris aimait souvent à dire que quand les marchés sont volatils,
on y perd des plumes).
Sérieusement, une place financière c'est : " est-ce
que demain je pourrai vendre ou pas mes titres au même prix
qu'aujourd'hui ? ". Cela ne veut pas dire que L'Oréal ou Danone font moins
de bénéfices mais qu'en fonction des événements internationaux, je risque
d'acheter plus ou moins cher telle ou telle valeur. C'est ce que l'on appelle
"la prime de risque". Une prime de risque qui augmente se traduit
automatiquement par une baisse des cours de bourse. CQFD.
Où va l'argent ?
Les investisseurs qui retirent leurs
placements boursiers ont plusieurs options, mais dans tous les cas ils vont
réinvestir ou placer momentanément leur mise sur des produits moins risqués en
attendant que l'orage passe. Certains vont tout simplement se replier sur leurs
comptes en banque, d'autres vont aller vers des sicav monétaires, acheter de l'euro,
du dollar ou de l'or... d'autres encore vont acheter de la dette de pays qui ne
présentent pas de risques particuliers.
C'est le cas de l'Allemagne (le taux à
10 ans outre-Rhin est tombé hier à 1 et demi% contre 1,6% vendredi soir). La
dette française est elle aussi recherchée car jugée saine comme valeur refuge.
Hier soir à Paris, le taux à 10 ans, auquel la France emprunte sur les marchés
pour rembourser sa dette, s'est replié d'un dixième de point à 2,1%.
On ne va
pas être cynique au point de se réjouir de voir les tensions géopolitiques
faciliter ainsi le remboursement de notre dette mais si on pousse froidement
plus loin le raisonnement, c'est effectivement la logique des marchés. Le cœur
a ses raisons que la raison ne connaît point... les marchés connaissent très bien
la leur.
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