La longue route de la lutte contre le chômage
La création de 2000 postes d'agents à Pôle Emploi annoncée il y a 2 jours par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est très révélatrice de la période que nous vivons : l'Etat recrute des personnes dont la tâche quotidienne sera de gérer le flux de chômeurs qui ne cesse d'augmenter. Cocasse ! La démarche est, certes, louable car elle va permettre de mieux organiser les services, mieux conseiller et orienter les demandeurs d'emplois (ce qui n'est pas un luxe), mais sans régler pour autant les problèmes de fond. Comme le dit Jean-Marc Ayrault – en prenant le contrepied de François Mitterrand en 1993 – : ''Contre le chômage, on n'aura jamais tout essayé''.
Le gouvernement a déjà enclenché plusieurs mesures concrète*
En France, on n'a pas de croissance mais on a des idées. Après 10 mois aux affaires, le gouvernement peut en mettre au moins 3 à son actif. Outre le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi, il y a les emplois d'avenir pour les jeunes peu ou pas qualifiés. 15.000 de ces contrats (en grande majorité publics), auront été signés fin mars sur un objectif de 100.000 sur l'ensemble de l'année. Et puis les contrats de génération entrés en application la semaine dernière pour optimiser les relations entre jeunes et séniors dans l'entreprise. L'objectif est d'embaucher 500.000 jeunes d'ici la fin du quinquennat en 2017 avec maintient du même nombre de séniors dans les sociétés : les aînés pour former la relève. A condition de créer un environnement favorable aux entreprises, de lever tous les freins à la liberté d'entreprendre et de permettre la création de sociétés privées, ce principe de contrats de génération est peut-être le dispositif le plus ingénieux
Vous voulez dire que ces contrats sont une pièce maîtresse de la lutte contre le chômage ?
Disons que c'est un changement par rapport à la politique des 35 heures. La philosophie des 35 heures c'est le partage de l'emploi par une baisse du temps de travail. Le contrat de génération : c'est le partage entre les jeunes et leurs aînés. Baisse de charges représentant pour l'employeur une économie de quelque 4000 euros par an. On pourrait se dire : moins de charges, ce sont moins de cotisations et donc moins de sous pour les caisses de l'Etat. C'est vrai. Mais pour l'employeur, le SMIC sera moins cher d'environ 25%, pour le jeune embauché, cela ne changera rien. Tout le monde y gagne. Sur les 200.000 destructions d'emplois attendus d'ici la fin de l'année, les dispositifs que je viens d'évoquer, plus quelques autres, devraient permettre de créer grosso modo 100.000 postes, réduisant ainsi les dégâts de moitié. C'est peu par rapport aux 5 millions de chômeurs toutes catégories confondues recensés en février, mais c'est beaucoup quand on est directement concerné et que l'on retrouve le circuit du travail.
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