Lagardère / EADS : les ambitions de "petit nono"
On assiste à un feuilleton à la fois industriel et people. Le dernier épisode en date remonte à mardi avec la diffusion à la télévision belge d'un documentaire sur la vie intime du couple que forme Arnaud Lagardère (51 ans) avec Jade Foret, mannequin belge de 30 ans sa cadette, et mère de son dernier enfant. Ce côté people et glamour paraît plaisant mais nombreux sont ceux qui, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'entreprise, s'interrogent de plus en plus - pour ne pas dire s'inquiètent - de l'attitude du jeune héritier, surnommé "petit nono" par sa belle mère.
Peut-on dire que le groupe est aujourd'hui à la croisée des chemins ?
Une chose est sûre : 2013 sera l'année des cessions. Lagardère cherche à sortir de la chaine de télévision Canal + dont il détient 20% pour 1 milliard 200 millions d'euros... et puis d'EADS donc... il en détient 7,5 % aux côtés de l'Etat français. Et c'est ce qui pose problème car EADS n'est pas un marchand de bonbons. C'est un groupe hyper-stratégique qui engage l'Etat français dans le secteur aéronautique et de défense en Europe. Créé en 2000, EADS est contrôlé par un pacte d'actionnaires franco-allemands qui volerait en éclat en cas de départ d'un des deux partenaires.
Mais pourquoi Arnaud Lagardère veut-il revendre ses parts dans EADS ?
Après une petite dépression, le titre reprend des couleurs en bourse et en cas de revente de ses parts, Lagardère pourrait tirer jusqu'à 1,6 milliards d'euros. De l'argent frais bienvenu pour le jeune patron sportif, passionné de tennis, dont l'un des bébés (la filiale sportive Lagardère Unlimited) n'a jamais atteint les objectifs. Pire, cette branche a coûté au groupe 900 millions de dépréciation d'actifs dans le bilan 2011, ce qui a plombé les bénéfices l'an dernier. Si les épaules d'Arnaud Lagardère sont si larges et lourdes, pourquoi est-il encore aux commandes ? La réponse dérange autant que la question. Qui prendrait la suite ? Ce n'est pas à nous de le dire ce matin mais l'Etat ne pourrait-il pas taper du point sur la table ? En vertu du pacte qui lie Paris et Berlin dans EADS, Arnaud Lagardère a la signature de la France au CA d'EADS. N'est-il pas du rôle du gouvernement de siffler la fin de la partie ? Le ministère de la défense ne commet-il pas une erreur en estimant – comme le rapporte le journal Le Monde aujourd'hui – que "c'est une question plus patrimoniale qu'industrielle ".
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