Le premier grand nettoyage des banques depuis le déclenchement de la crise en 2007 ne fait que commencer
On croyait l'affaire réglée en fin de semaine dernière avec l'accord intervenu entre les 27 sur l'utilisation du Mécanisme Européen de Stabilité. Un consensus avait émergé sur la contribution du MES, et ses 60 milliards d'euros disponibles, pour aider les banques en cas de nouvelle crise et leur éviter d'avoir recours aux budgets des Etats. Objectif : éviter le risque systémique, c'est à dire que les banques ne contaminent pas les Etats... le principe de la porte coupe-feu en quelque sorte. Mais c'était une nouvelle fois oublier le poids de l'Allemagne dans ce dossier.
Berlin ne se contente pas de ce système de sauvetage ?
Pour Angela MERKEL qui, rappelons-le, est à trois mois d'importantes élections législatives, le MES ne saurait être mis à contribution avant que les actionnaires des banques ne mettent eux-mêmes au pot. Le Mécanisme Européen de Stabilité, c'est de l'argent public... les grands comptes des banques, c'est plus de l'argent privé. Hiérarchie de l'action, priorité, de quoi séduire l'opinion allemande.
Pour trancher, les ministres des Finances ont à leur disposition un projet de directive européenne de 300 pages qui fixe un ordre très précis. Le texte (prévu dans le cadre de la construction de l'Union Bancaire) recommande précisément de faire supporter le coût de sauvetage des banques d'abord aux actionnaires, puis aux créanciers obligataires et enfin, si nécessaire, aux titulaires de comptes qui excèdent 100.000 euros (100.000 euros, c'est le niveau garanti au déposant en cas de banqueroute). Un montant pour l'heure intangible mais qui pourrait peut-être évoluer un jour.
Le projet de directive est loin de faire l'unanimité
Il affronte même la vive hostilité du Royaume-Uni, de la Suède ou de la France dont le secteur bancaire pèse lourd dans les économies nationales. Les capitales craignent que le fait d'imposer des pertes aux grandes fortunes pour sauver les banques ne les pousse à sortir leur épargne.
Donc, un accord complet qui satisfasse tout le monde est loin d'être acquis. De plus, aucune date butoir n'est pour l'instant fixée mais si les 27 continuent à lambiner de réunions en sommets, les marchés vont s'en inquiéter, et la BCE, qui a été officiellement chargée de superviser le système, pourrait taper du poing sur la table en imposant son rythme et ses conditions.
Le premier grand nettoyage depuis le déclenchement de la crise bancaire en 2007 ne fait que - réellement - commencer.
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