Le très critique rapport du CAE sur l'apprentissage
Inutile de peser lourd pour viser l’efficacité. C’est une note de onze pages seulement, pas du genre gros rapports qui servent à caler les armoires. Une note comme en rédige régulièrement le Conseil d'Analyse Economique, organisme indépendant chargé de conseiller directement le Premier ministre.
Ce document, auquel a contribué Jean Tirole avant de décrocher son prix Nobel d’Economie, et piloté par deux spécialistes de l’emploi en France - Pierre Cahuc et Marc Ferracci – démonte le système français d’apprentissage dans son financement, sa gestion et son offre de formations. En clair : notre système ne répond pas aux besoins des jeunes et des entreprises !
Et c’est aujourd’hui que l’on s’en aperçoit ?
Jeter un pavé dans la mare en disant les choses clairement, cela fait parfois avancer plus rapidement les choses et pousse à la réforme. Les auteurs de la note parlent d’une gouvernance opaque : trop d’intervenants aux actions mal coordonnées.
Ils constatent que la taxe d’apprentissage ne finance pas que l’apprentissage. En 2010, 38 % de la taxe d’apprentissage ont été affectés àl’enseignement professionnel et technologique hors apprentissage , à travers le système du "hors quota". Les entreprises peuvent en effet allouer certains fonds à des organismes de leur choix sans véritable contrôle... de l'argent part vers les syndicats pour des tâches qui mériteraient d’être bien identifiées… enfin, en dépit du quasi-doublement des effectifs d’apprentis en France depuis 1992 et de la forte progression des moyens financiers (+50% entre 2000 et 2012 ; environ 30 milliards d'euros par an avec la formation professionnelle), ce sont les diplômés de l'enseignement supérieur qui en profitent le plus.
Quelles solutions proposent les auteurs ?
Refondre l’intégralité du système pour le rendre plus simple et plus transparent, afin d’inciter les différents acteurs à développer l’apprentissage pour les jeunes peu ou pas qualifiés, dont la proportion ne cesse de croître dans les chiffres du chômage.
Ils proposent de moduler les aides selon les niveaux de formation et constatent que le rôle central joué par l’Education nationale bloque l’évolution du système. Cette dernière conclusion ne manquera pas de faire réagir. dans tous les cas, cette note du CAE est une excellente source d'inspiration pour Matignon dans sa volonté réformatrice du moment.
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