Les patrons français à l'assaut de l'Iran
La communication autour de ce voyage est inversement proportionnelle à la taille de la délégation qui fait le déplacement : pas moins de 110 patrons dont plusieurs de groupes du CAC40 comme TOTAL, GDF SUEZ ou ALSTOM. Du jamais vu depuis 30 ans. Pourquoi une telle discrétion ? Ce n'est pas tant le volume de contrats en jeu (aucun ne devrait être signé d'ici mercredi) que la dimension diplomatique du voyage.
L'équipée française est à ce jour la plus importante délégation économique étrangère à faire le déplacement après les Allemands, les Autrichiens, les Italiens et les Portugais. Un déplacement "prévu de longue date" se contente de dire le MEDEF sans plus de commentaire, une visite "technique" selon le ministère des Affaires étrangères. Discrétion assurée et voulue d'un commun accord.
C'est la suite logique de la levée d'une partie des sanctions contre l'Iran décidée en novembre dernier à Genève*
L'occasion pour notre ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, d'appliquer concrètement le concept qu'il défend bec et ongles depuis son arrivée au quai d'Orsay : la diplomatie économique, le principe des accords gagnant-gagnant. Tous les pays - au premier rang desquels les Etats-Unis - placent leurs pions dans cet Etat qui a obtenu l'allègement des sanctions en contrepartie de la suspension de certaines activités nucléaires.
Entré en vigueur le 20 janvier pour une durée de six mois, l'accord doit permettre de mener des négociations pour régler définitivement cette question stratégique. Six mois d'intenses discussions politiques, six mois qui doivent être mis à profit également sur le plan économique. Objectif : reprendre pied dans ce pays de 76 millions d'habitants, marché particulièrement prometteur.
Que peut-on espérer "glaner" en Iran ?*
Les seuls secteurs pour lesquels les sanctions sont levées sont l'or, les métaux précieux, l'aéronautique, l'automobile et les produits pétrochimiques (excepté le pétrole et le gaz). L'automobile est certainement le secteur dans lequel les discussions pourraient aller le plus vite : Renault, et surtout PSA, ont longtemps alimenté les constructeurs locaux en pièces détachées. La production automobile est tombée d'1 million 700.000 véhicules en 2011 à quelque 500.000 en 2013. Hémorragie que Téhéran entend stopper au plus vite.
Entre 120 et 150 milliards de dollars de projets d'investissements sont gelés depuis 2 ans. Dans les années 2000, la France était le quatrième partenaire commercial de l'Iran... elle est aujourd'hui en quinzième position. Nos exportations vers cette république islamique ont chuté de 70% pour passer de 2 milliards à 800 millions d'euros.
Tout ne va pas être regagné pendant ce voyage de trois jours des patrons français, mais il fallait réamorcer la pompe. Les six prochains mois vont certainement voir d'autres allers-retours, tout aussi discrets qu'efficaces, côté business.
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