Lutte contre le chômage : des vertus de l'apprentissage
Dans la bataille contre le chômage, pour le président de la République, c’est "la Der des Ders". Réduire le nombre de chômeurs… en hauts lieux, on explique volontiers que la grande préoccupation, désormais, n’est plus tant le chiffre à atteindre que les moyens d’y parvenir. En matière d’apprentissage, malgré les objectifs affichés et les mesures décidées ces derniers mois, les indicateurs sont au rouge. Selon les derniers chiffres disponibles, entre octobre 2012 et octobre 2015, les entrées en apprentissage ont reculé de 10%. En baisse constante, année après année.
Sur quels leviers peut-on encore agir ?
En voulant – croyant ? – bien faire, l’Etat a recentralisé les décisions à tel point qu’il est devenu difficile pour une entreprise de savoir où va l’argent qu’elle investit dans l’apprentissage. Pas encourageant pour les patrons de PME, notamment. Il y a deux ans, ces petits patrons parvenaient à flécher plus de 45% de la taxe d’apprentissage versée. C’est-à-dire qu’ils pouvaient en choisir la destination en fonction des réels besoin de main d’œuvre. Aujourd’hui, ils ne flèchent plus que le quart des sommes versées.
Chaque année, nous consacrons 30 milliards d’euros à la formation professionnelle et à l’apprentissage. Même le CAE (Conseil d’Analyse Economique) qui conseille le Premier ministre dénonce les dysfonctionnements.
Outre les questions d’argent, les autres champs d’intervention
Il faut bien voir la philosophie générale. Nous sommes passés d’une insertion en deux temps dans les années 70 (école-emploi) ; en trois temps dans les années 80 (école-stage-emploi) ; en quatre temps dans les années 90 (école-stage-apprentissage-emploi). Le système est très bien expliqué dans un livre intitulé "Le talent au secours de la crise", écrit par un professeur d'économie-gestion, Gilles Trigano, qui met en avant un facteur clef : le talent des apprentis.
Il ne s'agit pas de recruter des jeunes en alternance pour percevoir les aides mais leur donner de vraies responsabilités sur des tâches dites « non critiques » dans l'entreprise. Rôle des pouvoirs publics : revoir les missions de Pôle Emploi pour les adapter aux besoins réels des entreprises par bassins d’emplois et de population (identifier les tâches non critiques dans les entreprises pour les proposer aux apprentis). Le talent des jeunes, c’est une valeur ajoutée pour l’entreprise, le "ciment de la société" comme l'écrit Gilles Trigano.
L’apprentissage n’est pas qu’affaire de subventions, c’est la confiance redonnée aux jeunes et à leurs parents.
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