MOODY'S s'invite dans la campagne pour 2012
Dans la mythologie, l’alphabet grec marque le début et la fin de toutes choses par l’Alpa et l’Oméga (respectivement première et dernière lettres de cet alphabet). Dans la campagne pour l’élection en France, on peut dire que l’alphabet – ou plutôt le feuilleton – a commencé par le Triple A ; reste à en écrire le dernier épisode.
Plus sérieusement : le véritable coup d’envoi de la campagne a bien été donné 48 heures après la désignation du candidat socialiste François HOLLANDE, et moins de 24 heures après l’annonce par l’agence Moody’s d’une mise sous surveillance de l’excellente note triple AAA de dette souveraine française. Si j’étais mauvaise langue, je dirais que l’avertissement de MOODY’S tombe à pic en permettant de justifier les efforts supplémentaires que la France va devoir consentir pour éviter d’être déclassée.
La campagne de 2012 se jouera en grande partie sur le terrain économique et financier
Ca ne fait plus l’ombre d’un doute. Dans le journal de 20 heures sur France2 lundi soir, le Premier ministre François FILLON n’a-t-il pas brandi le spectre d’un nouveau plan d’adaptation fiscale si les circonstances l’exigent en 2012 ? Pour information, les agences de notation ont pour règle de communiquer leurs conclusions aux principaux intéressés au moins 12 heures avant publication à la presse. Le verdict de MOODY’S était donc connu, selon toute vraisemblance, dès lundi en fin d’après-midi... si la situation n'était pas aussi grave, on pourrait parler d'un bon plan de communication.
Oui, la campagne se jouera sur le terrain économique car la crise européenne s’est invitée à la noce... elle insiste d’ailleurs de plus en plus pour occuper les premiers rangs du banquet. Tel un raz de marrée imprévu, les partis politiques n’avaient pas imaginé l’ampleur du phénomène… d’où le coup d’accélérateur donné hier avec un Président de la République et un Premier ministre jouant la dramatisation, et la charge lancée contre le projet socialiste.
La France va devoir se montrer au moins aussi bon élève que l’Allemagne, la Grande Bretagne ou l’Italie en matière d’efforts budgétaires...
Notre consolidation budgétaire est trop lente aux yeux de Moody’s et des marchés financiers. Pour éviter d’être le vilain petit canard de la classe européenne, Paris va continuer sur le terrain de la rigueur et de l’austérité, mais la marge de manœuvre est beaucoup plus étroite qu’en 2008, au lendemain de l’accession au pouvoir de Nicolas SARKOZY. Ne faut-il pas donner le dernier mot au commissaire européen aux affaires économiques ?... selon Oli REHN, « il n’y a pas lieu de s’alarmer et de spéculer sur quelque chose qui est très vague ». On en restera là ce matin… dans la longue marche pour 2012, demain sera un autre jour.
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