Net neutralité, enjeux sociétaux et économiques
D'abord, une définition de ce mot qui n'est pas encore entré dans le langage commun... : la net-neutralité vise à garantir à tous les internautes l'accès à l'ensemble des contenus avec la même rapidité et la même qualité. Le concept est né aux Etats-Unis au tournant des années 2000 et a rebondi tout récemment en France, notamment en janvier dernier lorsque Free a mis en place pendant quelques jours un outil pour bloquer la publicité. Cet épisode est d'ailleurs emblématique du double enjeu que vous évoquiez Olivier. Dans le rapport qu'il a remis hier à la ministre Fleur Pellerin, le Conseil National du Numérique estime que la liberté d'expression n'est aujourd'hui pas assez protégée dans la loi française. Voici pour l'aspect sociétal du dossier.
Le CNN dénonce, entre autres, le développement des pratiques de censure, de filtrage, de ralentissement de débit...*
Ce qui nous amène au volet économique : la relation entre les fournisseurs de services et les opérateurs qui transmettent les données à travers leurs réseaux. Pour schématiser, c'est la guerre des tuyaux et des contenus : comment faire participer financièrement des Google, Facebook, eBay et autre Amazon ? C'est en ce sens qu'une une régulation s'impose. La législation aura un impact direct sur la manière dont les opérateurs monétiseront l'accès aux services. Les transmetteurs de flux (Orange, Bouygues et autres SFR...) doivent rentabiliser leurs infrastructures et préparer l'internet de demain avec de nouveaux réseaux, avec la fibre optique qui prendra bientôt le relai du cuivre, etc... Cela coûte cher... c'est tout un modèle économique qui est en train de se construire.
***D'autant que les conséquences socioéconomiques sont très larges...
Les transactions sur internet, ce ne sont pas uniquement l'achat de livres, des cadeaux de Noël, ou les derniers vêtements à la mode. Le net, c'est aussi la production culturelle, les contenus éducatifs pour les écoles, les relations médecins/patients... une véritable valeur ajoutée humaine, intellectuelle et, c'est vrai, commerciale, génératrice d'innovation et créatrice d'emplois. La Commission européenne estime que 900.000 emplois liés aux activités numériques seront à pourvoir dans les 2 à 3 prochaines années. C'est ce que l'on appelle l'employabilité. Ce mal qui ronge notre société moderne : l'emploi est là mais la formation manque. Tout cela prouve que le secteur a besoin d'être régulé – au niveau européen et pas seulement Français – pour éviter d'être bradé par des multinationales qui n'ont rien de philanthropes.
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