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Pacte de responsabilité : concours Lépine de la baisse des charges en Europe

Patronat et syndicats se retrouvent pour lancer le pacte de responsabilité avec une première rencontre au sommet au siège du MEDEF à Paris. La baisse des charges : comment ça marche ailleurs en Europe
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Nous assistons depuis quelques jours à un véritable
concours Lépine de la réforme fiscale dans plusieurs pays européens. Non pas
que nos partenaires aient décidé de se caler sur l'agenda français marqué par
le début des négociations sur ce fameux Pacte de responsabilité et ses
contreparties – ça serait trop d'honneur. Non, la France n'est pas fer de lance
de la baisse des charges.  Cette
mobilisation générale montre que tout le monde prend conscience du puissant
moteur de reprise que constitue un allègement de la fiscalité des entreprises.
A l'heure où il faut accompagner le faiblard retour de croissance, le
confortable arsenal fiscal que représentent cotisations et autres taxes pour
les caisses publiques, était devenu un handicap trop lourd pour les entreprises
créatrices d'emplois.

Concrètement, ailleurs en Europe, qui fait quoi, en
matière de baisses de charges ?

Evacuons tout de suite notre principal partenaire et
concurrent, l'Allemagne, qui avait compris le problème il y a dix ans déjà avec
les réformes de l'ancien Chancelier Gerhard Schröder : dévaluation interne
(non pas monétaire, mais fiscale et salariale) avec baisses de charges et
de salaires pour vendre à bon rapport qualité prix des produits par essence
chers car haut de gamme. Pari gagné : les machines-outils allemandes se
vendent bien à l'étranger et les salaires commencent à remonter outre-Rhin.

Plus proche dans l'actualité : l'Italie, avec le
tout nouveau Premier ministre Matteo Renzi. Au pouvoir depuis quelques heures,
il se fixe un objectif de 10 milliards de réductions de charges dès 2014. Pour
les mesures qualifiées de " sérieuses et irréversibles ", on attend
quand même de voir les détails.

Et puis, l'Espagne. Mesure concrète : il y a 2
jours, le Premier ministre Mariano Rajoy a mis sur la table une cotisation
unique de 100 euros par mois pour tous nouveaux contrats d'au moins 3 ans. Cela
revient à une baisse de charges de... 75%. Il faut savoir que, grâce aux faibles
cotisations, le taux de profit d'une entreprise qui va s'installer en Espagne
est déjà 1 fois et demie supérieure à celui de la France. Précision
importante : aucun des pays n'impose de contreparties comme il en est
question en France.****

On voit bien les enjeux du débat mais, au fond, n'est-il
pas un peu réducteur de tout mettre sur le dos du gouvernement et des
entreprises ?

Un Etat peut décider de baisser les charges, une
entreprise peut décider d'embaucher (à condition d'avoir des marchés), mais si
cela se fait avec une monnaie trop forte, c'est peine perdue, notamment parce
que cela pénalise nos exportations. La Banque Centrale Européenne a donc,
aussi, son rôle dans le processus en faisant en sorte que l'Euro ne s'apprécie
pas trop en période de faible reprise. La BCE doit également maintenir des taux
d'intérêt à un bas niveau pour permettre aux entreprises d'investir à un coût
raisonnable.

Mais, chaque chose en son temps. Aujourd'hui, place au
dialogue social sans lequel rien ne peut aboutir. Ensuite, il faudra quand même
aller vite. Après 20 mois un peu poussifs, le Président de la République, François
Hollande, veut des résultats concrets dans les 15 jours.

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