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Paquet Télécom, Bruxelles joue la concurrence au profit du consommateur

Gros plan sur les tarifs télephoniques en Europe. La Commission de Bruxelles communiquera demain ses propositions pour rendre le secteur plus compétitif. Elle publiera ce que l'on appelle son "paquet télecom" dont le point le plus épineux est le  prix de l'itinérance.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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On le baptise aussi le "roaming". C'est le surcoût que nous payons quand nous télephonons vers ou depuis l'étranger - Europe et hors-Europe. Cela peut aller de 29 centimes la minute (en plus du prix normal de la communication) pour appeler la France depuis un autre pays de l'Union européenne ; 1 euro en plus si vous appelez de la Suisse... jusqu'à 2 euros 90 depuis le reste du monde. La Commissaire européenne en charge de l'économie numérique, Nellie KROES, voulait supprimer purement et simplement ce système au nom de la défense du consommateur, mais elle est obligée de revoir ses ambitions à la baisse.

Les associations de consommateurs disent que ces surcoûts ne sont pas économiquement justifiés, ce que les opérateurs contestent.

Et pour cause, c'est pour eux un manque à gagner évident. En réalité, un flux vocal, ou envoyer un SMS, ne coûte pas plus cher entre Madrid et Paris ou Paris et Milan qu'une conversation entre Ploërmel dans le Morbihan et Guéret dans la Creuse. Ce qui coûte, c'est ce que les professionnels appellent l' ''intercom" : le prix que l'opérateur d'un pays X verse à l'opérateur d'un pays Y pour qu'il achemine la communication de son client. Si demain, Orange n'a plus à verser quoi que ce soit à Maroc Telecom pour que ce dernier achemine les communications vers la France, ça sera de l'argent en moins pour l'opérateur marocain. Et inversement. Le patron d'Orange Stephane Richard chiffre ainsi à environ 300 millions d'euros son manque à gagner depuis la dernière révision à la baisse des tarifs itinérants. Bruxelles l'a imposé début juillet.


Face à la pression, Bruxelles peut faire marche arrière ?*

On va reporter l'échéance de 2 ans (de 2014 à 2016), et on ne va pas supprimer totalement le système mais le rendre moins douloureux pour le consommateur en faisant jouer la concurrence. La Commission va demander aux compagnies télephoniques de proposer aux consommateurs des "packages", des offres globales, leur permettant de passer des appels depuis toute l'Europe sans surcoût. L'idée étant d'inciter les opérateurs à former des alliances entre eux, par exemple comme les compagnies aériennes, pour réaliser des économies d'échelle. Si le client n'est pas satisfait, il pourra changer d'opérateur.


Peut-on dire que c'est reculer pour mieux sauter ? *

Non car c'est la victoire des lobbies qui défendent ni plus ni moins qu'un système de rente. Aujourd'hui, l'Europe compte une centaine d'opérateurs de télephonie mobile pour 500 millions d'habitants. Les Etats-Unis ont six opérateurs pour 315 millions d'habitants et en Chine le rapport est de 3 compagnies télephoniques pour un milliard d'habitants. Le système européen manque de transparence. Et puis avouez... alors qu'il n'y a plus de barrières douanières et que les individus circulent librement en Europe, continuer à imposer des frontières tarifaires aux communications télephoniques a un côté paradoxal.

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