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Plan Valls : défi économique et psychologique

Il reste deux semaines à François Hollande et Manuel Valls pour convaincre leur majorité des nécessaires économies à réaliser dans les comptes publics. Le vote sur le programme de stabilité est prévu le 30 avril et le pari est loin d'être gagné. A tel point que l'on se demande comment le plan de 50 milliards d'euros peut tenir en l'état.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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La question se pose tout autant sur le plan économique
que psychologique. Jeudi, 80 députés socialistes et une dizaine d'autres élus
du parti, ont adressé une lettre au Premier ministre. Ils jugent que le
plan d'économies présenté mercredi par le chef du gouvernement – qui plus est,
à leur insu - est économiquement dangereux et contraire aux engagements pris devant
les électeurs.

Au-delà de 35 milliards d'euros de réduction des
dépenses, ils estiment que les "reculs sociaux " et "la mise à
mal des services publics
" seront inéluctables. Rien, ou presque, ne trouve
grâce à leurs yeux. Le pacte de responsabilité proposé aux entreprises pour
relancer l'investissement et l'emploi ne saurait être financé par le seul gel
des prestations sociales, concluent-ils. Ce qui, sur le plan strictement
économique, n'est pas dénué de bon sens.

Et l'aspect psychologique ?

La tension n'est pas seulement à l'Assemblée nationale ou
rue de Solférino. 

Non revalorisation du régime de base et des retraites
complémentaires pendant un an (peut-être plus) ; stabilisation jusqu'en 2017
des prestations logement, famille et invalidité ; objectifs non atteints en
matière de lutte contre le chômage... La France a l'impression de ne plus être
comprise par un exécutif, et surtout un Président, qui semble trahir sa
promesse d'être "normal".

Quant à la "République exemplaire" vantée par
le candidat Hollande pendant la campagne électorale, chaque jour, les citoyens
découvrent les coulisses d'un pouvoir dont le train de vie ne change qu'en
apparence. Entre un très proche conseiller présidentiel aux appétits luxueux,
et un Premier ministre sortant pouvant prétendre à une retraite confortable
grâce au cumul des mandats, on se demande finalement ce qui a changé par
rapport aux vieilles habitudes.

Cela pèse sur la crédibilité du plan d'économies de
Manuel Valls

C'est une dimension qu'il ne faut pas négliger. Au nom du
principe des efforts partagés demandés à tous les Français, deux députés
socialistes - non frondeurs - ont fait entendre leur voix ce jeudi. René Dosière et
son collègue de l'Hérault Sébastien Denaja. Ils appellent à une réduction des
dépenses des cabinets ministériels. Message : que les hauts fonctionnaires aux
salaires enviables (plus de 10.000 euros en moyenne par mois) lèvent le doigt
et fassent, eux aussi, des efforts.

Ce plan de 50 milliards d'euros peut-il être réellement
mis en œuvre ?

Nous n'avons plus le choix. L'heure n'est plus aux
interrogations sur le montant mais sur les moyens d'y parvenir sans trop de
casse, à l'aide de profondes réformes structurelles.

Pour faire simple, il faut réduire les coûts de
fourniture de nos biens et services (publics s'entend). Coûts aujourd'hui
supérieurs à nos partenaires européens, mais cessons de comparer et commençons
par regarder concrètement comment nous pouvons procéder chez nous.

Dans une entreprise, cela s'appelle un compte
d'exploitation. Si le bilan est négatif, la société a des chances de mettre les
clefs sous la porte. Pour créer de l'emploi, l'entreprise a besoin de plus
d'autonomie, de plus de responsabilités et de plus de stabilité. On pense tout
de suite aux hôpitaux, aux Universités, aux lycées, entre autres.

C'est
l'opposition entre le fonctionnement trop confortable de la machine étatique et
le principe de réalité de la gestion des comptes.

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