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Pourquoi Airbus profite de la crise

Airbus vole de succès en succès. Visiblement rien n'arrête l'avionneur européen face à son concurrent américain Boeing. La filiale d'EADS profite indirectement de la crise. Explications.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Rappelons d'abord quelques chiffres : une centaine d'A320
vendus au Vietnam fin septembre. La Chine et le Japon début octobre... Airbus
avait alors convaincu la compagnie Japan Airlines – qui, jusqu'à présent, n'était
cliente que de Boeing - d'acheter une trentaine d'A350. Et puis hier au petit
matin, on apprenait que le Mexique entrait dans la danse avec l'achat, pour un
peu plus de 3 milliards d'euros, de 52 appareils de type A320 par la compagnie
low cost VivaAerobus (jusqu'alors, elle aussi, inconditionnelle de Boeing). Sur
les chaînes de montage à Toulouse, on se frotte les mains.

Concrètement : quels sont les ingrédients de la recette ?

AIRBUS profite indirectement de la crise. Pour une raison
très simple : pressées elles aussi par des contraintes budgétaires, les
compagnies aériennes privilégient désormais la diversification de leur parc
d'appareils. Elles ne mettent plus tous leurs œufs dans le même panier, ne se
cantonnent plus à un seul fournisseur pour pouvoir négocier les coûts de
maintenance. Disposer de plusieurs fournisseurs offre une marge de manœuvre de
négociations plus importante... c'est clairement une relation d'autorité. La
crise met la pression sur coûts... que le meilleur gagne !

C'est l'inconvénient des situations de monopole... Boeing est
en train de l'apprendre à ses dépens 

Le terrain se gagne aussi sur le plan technique et technologique.
Dans le cas du contrat mexicain, c'est l'Airbus A320 qui l'emporte. Appareil de
nouvelle génération moins énergivore et plus économe. Pour le Japon et son contrat de 7 milliards d'euros, c'est
l'A350 qui rafle l'essentiel de la mise. Un bi réacteur moins gros que l'A380
quadri réacteurs, au volume d'embarquement bien supérieur qui le rend moins
flexible. Pour rentabiliser un voyage de l'A380, il faut un taux de remplissage
minimum de 80% (pas évident à atteindre avec 600 à 800 passagers. L'A350 est
limité à 250/400 passagers). L'A350 présente aussi l'avantage d'aller va plus
loin avec moins d'escales... enfin les Boeing de la gamme équivalente souffre
actuellement de délais d'homologations trop longs, sans compter avec les récentes
avaries techniques.

Cela est bon pour le cv d'Airbus

Rien n'est toutefois acquis pour une telle entreprise.
La bataille est quotidienne. L'avenir d'AIRBUS, on l'a vu, c'est le Japon, la
Chine, certains pays émergents... mais aussi les Etats-Unis, patrie de Boeing !
American Airlines a récemment commandé à Airbus 260 appareils... elle n'avait
plus acheté européen depuis 1986. Un beau pied de nez, une belle revanche de
l'Europe en plein débat sur l'espionnite industrielle à laquelle se sont livrés
nos "amis" américains et dont on parle beaucoup en ce moment.

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