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Relations commerciales : rien ne va plus entre la France et l'Allemagne

Ce n'est plus l’histoire que de quelques semaines : la France ne sera bientôt plus le premier partenaire commercial de l’Allemagne. Elle va céder la place aux Etats-Unis… une première depuis la chute du mur de Berlin il y a 25 ans.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (photo prétexte © Maxppp)

Le cap devrait être franchi d’ici la fin de l’année. Déjà, entre avril et septembre derniers, chaque mois, l’Allemagne a exporté plus aux Etats-Unis que chez nous. Sur le seul mois de septembre, l’Allemagne a vendu pour onze milliards d’euros de biens et services aux Américains contre neuf milliards à la France (Office allemand des statistiques).

 

Explications

 

La faiblesse de l’euro rend plus compétitives les exportations hors Europe ; la dynamique de la reprise américaine se fait sentir ; certains avancent aussi l’idée selon laquelle la BCE, avec sa politique de Quantitative Easing (la planche à billet) qui abreuve l’Europe en liquidités, a ficelé sur mesures un programme de relance pour l’Allemagne.

 

Vraie signification économique ou simple symbole ?

 Il y a une forte portée symbolique car il en va des relations commerciales dans le couple franco-allemand, moteur économique de l’Europe. Sur le plan économique, cela montre que nous connaissons une destruction du commerce intra zone euro au profit du commerce avec le reste du monde. La preuve avec les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui entretiennent un commerce extrêmement dynamique mais entre les Etats-Unis et l’Europe, pas à l’intérieur de la zone euro.

Des travaux menés par les économistes Patrick Artus (Natixis – cf. document ci-dessous) et l’américain Andrew Rose (Université de Californie) montrent la lente dégradation du poids des exportations de l’Allemagne vers ses partenaires de la zone euro : 40% aujourd’hui contre 60% lors de la création de l’Euro. Tendance est décorrélée de la croissance.

Exemple avec l’Allemagne et les voitures de luxe. Les allemands achètent des logiciels aux américains qui vont acheter des Porsche ou des Mercedes, par contre, comme les allemands ne vendent pas, ou peu, de Porsche aux Français et ne leur achètent pas de logiciels, c’est plus d’ordre qualitatif que quantitatif, question de gamme de produits.

 

Quelle conclusion en tirer ?

Ce bouleversement du palmarès prouve un échec majeur : l’union monétaire qui a été créée pour éviter les risques de changes et sécuriser les relations commerciales entre pays membres ne fonctionne pas. C’est un souci évident pour l’économie européenne : la croissance se fait ailleurs. Certains se battent pour garder la tête hors de l’eau. L’Allemagne le prouve avec les Etats-Unis… on ne peut pas en dire autant de tout le monde.

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