SNCF : court-circuitage ou mauvais aiguillage ?
Les 72 prochaines heures s'annoncent riches en rebondissements. En arrière-plan : l’Euro2016. Le gouvernement ne veut pas d’un pays bloqué avant et pendant la compétition qui débute vendredi prochain. Routiers, aériens, enseignants, intermittents, cheminots… Elysée et Matignon multiplient les concessions catégorielles. Le dialogue social est en panne ? Qu’à cela ne tienne, lâchons du lest par stratégie de contournement, au risque de court-circuiter des négociations en cours. Le gouvernement s’en défend, mais les faits sont têtus.
Ce qu’il en est précisément dans le cas de la SNCF
Ce n’est plus un secret. Estimant que Guillaume PEPY n'a pas fait le travail dans les temps, le ministre des Transports, Alain Vidalies, a négocié en direct le week-end dernier, notamment avec la CFDT, plusieurs points en discussion avec la direction, dont l'organisation des 35 heures.
Guillaume Pépy avait mis un point d’honneur à rediscuter l’accord dit « 19/6 ». Ce dernier prévoit que le personnel roulant ne peut finir son service après 19 heures si son congé hebdomadaire débute le lendemain, et ne peut reprendre son travail avant 6 heures le lendemain matin. Une usine à gaz très coûteuse sur le plan de l’organisation du travail.
Court-circuitage fâcheux dont se défend le gouvernement. Le président de la Sncf a présenté sa démission de manière insistante… dernier épisode en date mardi soir dans le bureau de Manuel Valls, qui l’a refusée.
Aujourd’hui, le malaise est profond. Le social est réglé puisque le gouvernement a sifflé la fin de la partie. Mais tout ce qui a été négocié depuis deux ans dans l’entreprise est jeté à la poubelle. En substance, on ne change rien, et on repart comme avant.
Les hypothèses pour les prochaines 72 heures
Ce vendredi matin, la posture du patron de la Sncf est très claire : le gouvernement refuse que l’on fasse des efforts de compétitivité sur le plan social, dont acte ! Mais en contrepartie, l’Etat doit m'aider à trouver des marges de manœuvre ailleurs. Sur le financement de la dette – 50 milliards d’euros – et des investissements pour moderniser le réseau.
Nous sommes dans le rapport de force, mais c’est le contrat. Soit Guillaume Pépy accepte d’avaler une couleuvre, et il a jusqu’à dimanche soir pour se régaler et demeurer à la tête de l'entreprise ; soit il jette l’éponge, et dans ce cas l’affaire sera réglée dans le courant du week-end. Pour l’avenir de la SNCF, on verra après.
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