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Taxe Tobin nouvelle génération, le miroir aux alouettes

Les discussions concernant la taxe sur les transactions financières sont de nouveau repoussées. Les pays européens concernés vont en discuter, au moins, jusqu’en septembre, ce qui pourrait avoir un impact sur la campagne électorale en France
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Manifestation en faveur de la Taxe Tobin, Paris, février 2011 © HALEY/SIPA)

Le sujet paraît anecdotique alors que la France est engluée dans ses dossiers sociaux, entre les manifestations contre la loi Travail, les grèves, la lutte contre le chômage, les questions liées aux pouvoir d'achat, etc. Aujourd'hui, le projet européen consiste à recueillir de l'argent pour soutenir les pays en développement et lutter contre le réchauffement climatique. Les différentes tentatives de lui donner corps ont échoué. Seuls dix Etats européens sont décidés à mettre au point cet impôt. Une décision était attendue pour fin juin... en vain.

 

Les points de blocage

La situation bloque à plusieurs niveaux. Quels contours retenir réellement ? Comment appliquer cette taxe ? A quoi serviront les fonds récoltés ? L’Union européenne propose une taxe de 0,01% sur les produits dérivés, des produits financiers décriés. L'UE en attend 15 milliards d’euros en année pleine. Que faire de cet argent ? Certains veulent lutter contre le réchauffement climatique, d’autres reverser les recettes aux pays qui mettent en œuvre la taxe pour augmenter leurs recettes fiscales, d’autres encore reverser aux pays en développement.

 

Pourquoi ces dissonances

Rien n’est simple car c’est une affaire de gros sous. Pour être efficace, une telle taxe peut être envisagée uniquement si elle s'applique à tout le monde. Or, Londres et le Luxembourg ne font pas partie des négociations. L'industrie financière étant délocalisable instantanément (pas d'usine, pas de machines à déménager mais uniquement des courtiers à bouger avec leurs ordinateurs), si la taxe ne fait pas l'objet d'un consensus international, cela peut effectivement poser problème à un pays ou une zone entière. On chiffre à environ  30000 le nombre d'emplois qui pourraient être perdus ou déplacés vers d'autres capitales. Le sujet pourrait donc revenir comme un boomerang en pleine campagne pour la présidentielle en France. François Hollande avait présenté le monde de la finance comme son adversaire. La France semble incapable d’imposer cette taxe pour laquelle elle s'est battue ardemment. On peut facilement imaginer l'opposition s'emparer de ce sujet comme un bel argument de campagne le moment venu.

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