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Télephonie mobile : la consolidation du secteur est en marche

Une étape importante de la recomposition du secteur des télécoms en France a été franchie ce week-end. Iliad, maison-mère de Free, a confirmé être en négociations exclusives avec Bouygues pour lui racheter son réseau d'antennes et de fréquences mobiles. C'est une annonce majeure qui préfigure un véritable big-bang
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Ca y est, nous y
sommes. Après deux ans de guerre intense entre opérateurs mobiles et la baisse
du prix des forfaits de 20 à 30%, cela devait arriver, le secteur devait se
consolider. Cela sera chose faite dans les prochains mois. On vient d'assister
aux prémices de cette vaste restructuration en l'espace d'une semaine. Bien
sûr, rien n'est fait mais le scénario s'écrit facilement... et ce qui va suivre
n'est pas de la politique fiction.

Vivendi qui veut se
recentrer sur son activité media met en vente sa filiale télécom Sfr. Deux
prétendants sont sur les rangs : Numéricable et Bouygues qui mettent sur la
table respectivement environ 11 et 15 milliards d'euros. Problème : en
rachetant Sfr, Bouygues qui possède déjà son réseau, serait en situation de
quasi-monopole... inacceptable aux yeux de l'Autorité de la concurrence. Qu'à
cela ne tienne. C'est l'annonce du week-end : Bouygues propose de céder à Free
ses 15.000 antennes et son portefeuille de fréquences  4G pour 1 milliards 800 millions d'euros.

Cela se fera si
Bouygues parvient à racheter Sfr

C'est la condition
sine qua non. Vivendi, la maison-mère de Sfr, devrait se prononcer vendredi
prochain, et on voit mal pourquoi l'autorité de la concurrence s'opposerait,
plus tard, à l'option Bouygues. Cela assainirait le secteur. En passant de
quatre à trois opérateurs (dans l'ordre Bouygues, Orange et Free), la carte serait clarifiée, les opérateurs renforcés, bénéficiant chacun de plus de poids pour
investir dans les infrastructures très chères de la 4G et la 5G. A terme, la
rationalisation aboutirait à des baisses de coûts grâce aux économies d'échelles et au final, cela devrait profiter au consommateur. Reste l'emploi. Malgré les
engagements pris, on ne sait pas comment les différents groupes se comporteront
réellement, et ce ne sont pas les incantations du Ministre du Redressement
productif Arnaud Montebourg qui changeront la donne. Nous avons affaire à des
entreprises entièrement privées. Seule exception : Orange dont l'Etat détient
environ 27%.

Vous voulez dire que
la guerre des prix va continuer ?

Il y a de fortes
chances. Penser que cette guerre va s'arrêter, c'est bien mal connaître la
personnalité des acteurs concernés, notamment celle du patron de Free, Xavier
Niel. Dans l'hypothèse où il rachète le réseau mobile de Bouygues, le trublion
des télecoms ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Une fois qu'il aura son
propre réseau (je rappelle qu'aujourd'hui, Free loue les tuyaux d'Orange pour
quelque 6 à 700 millions d'euros par an. En rachetant les antennes de Bouygues
pour 1 milliard 8, l'opération sera donc amortie en 3 ans), il inventera de
nouveaux produits, de nouvelles offres commerciales et imaginera d'autres
partenariats !

Il y a encore de la
marge ?

C'est l'étape
suivante en laquelle croient certains spécialistes du secteur : le
rapprochement de Free et Numéricable (l'éventuel candidat perdant au rachat de
Sfr). Pour se développer, Free a besoin de la fibre. Numéricable lui
apporterait son précieux réseau filaire. Et puis un autre dossier devra être
réglé : le financement des infrastructures. Pourquoi seuls les opérateurs
paieraient pour installer leur réseau et pas les utilisateurs, comme Google ou
Amazon, qui font leur business en empruntant ces tunnels sans passer par la
case péage ? Donc, on voit bien comment, en quelques jours, les grandes manœuvres
se sont accélérées. Désormais, rien ne peut les arrêter.

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