Une nouvelle page se tourne pour la librairie française
Le tribunal de commerce de Paris a validé hier soir les nouvelles offres de reprise des Librairies Chapitre. Au total 34 établissements sur 57 vont pouvoir poursuivre leur activité. 23 sont donc contraints à la fermeture, et sur les 1200 emplois, 750 sont sauvés.
Placé en liquidation judiciaire début décembre, le groupe, que l'on connaît aussi pour la marque France Loisirs, cumulait les pertes depuis 2009. Et ce n'est pas le seul distributeur de livres, et de biens culturels au sens large, qui rencontre des difficultés. VIRGIN a payé un lourd tribu avec une liquidation pure et simple l'été dernier, laissant 1000 salariés sur le carreau. Il y a aussi la FNAC, contrainte à une sérieuse réorganisation.
Seuls les groupes qui ont su prendre le parti de se développer sur internet valorisent cette branche sans difficultés. C'est justement le cas de "Chapitre.com" qui n'est pas touché par le plan de fermeture.
Tout cela dans un contexte difficile pour le marché du livre
La recomposition du système de distribution s'accélère. Selon une étude que vient de publier le cabinet Xerfi, le site américain de vente en ligne Amazon.com pourrait devenir dans quelques années le premier libraire de France.
Le constat est stupéfiant : la distribution physique de livres en France a reculé de 2% l'année dernière et le repli devrait se poursuivre au rythme de 1% l'an jusqu'en 2017. Le marché qui atteignait 4 milliards d'euros en 2013 pourrait fondre d'un demi milliard d'ici 2017, c'est énorme.
Les Français lisent moins ?
Non, nous lisons autrement. Toujours selon Xerfi, les ventes de livres numériques devraient flamber ces prochaines années avec l'essor des liseuses électroniques et autres tablettes numériques.
Les ventes au détail de e-books (les livres électroniques) ont atteint l'an dernier 190 millions d'euros, ce qui représente désormais 5% du marché du livre dans l'hexagone... d'ici 2017, le taux de croissance devrait être de 20%.
Ce sont donc nos habitudes de consommation qui pèsent sur le secteur
Les résistants de la première heure qui privilégient les achats dans le petit commerce de proximité se font de plus en plus rares, ce qui entraîne une véritable mutation du cœur même des villes. Sans parler de la grande distribution et des grands centres commerciaux qui ont pris le relai à la périphérie des cités depuis bien longtemps.
Le cas des Librairies Chapitre est la preuve de la poursuite de la course au gigantisme et on ne peut pas accuser uniquement internet qui, de toutes façons, est devenu un vecteur incontournable. Dans certaines villes, l'arrivée de Chapitre il y a quelques années, a plongé dans la difficulté des petites librairies indépendantes ou de quartier n'appartenant à aucun réseau. Je ne dis pas que c'est l'arroseur arrosé mais nous vivons dans un monde qui se retourne très vite et qui impose une capacité d'adaptation toujours plus rapide.
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