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Volkswagen : entre scandale environnemental et guerre industrielle

Outre la dimension environnementale, l'affaire Volkswagen présente une évidente dimension géopolitico-économique. L'occasion rêvée pour les Etats-Unis d'imposer leurs normes en pleines négociations avec l'Europe sur le traité transatlantique
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (L'affaire Volkswagen rappelle combien le moteur d'une automobile peut être un mystère. © Maxppp)

Il ne s’agit pas de dédouaner Volkswagen qui a commis une forte lourde en l’espèce, tant sur le plan moral qu’industriel. Sur le fond, l’offensive de l’administration américaine contre le constructeur allemand est plus d’ordre juridique qu’environnemental. Non pas que les Etats-Unis se détournent de l'environnement – l’affaire VW offre à Barack Obama un point d’entrée positif à la veille de la conférence mondiale sur le climat, la COP21 – mais l’offensive se situe surtout sur le plan de la loi : Volkswagen devra payer très cher pour ne pas avoir respecté les règles américaines.

 

D'autant que Wolkswagen n'est pas le seul à plonger !

 

On se souvient de l’affaire BNP-Paribas, l'année dernière, avec le contournement du droit américain sur les relations commerciales avec l’Iran, le Soudan et Cuba. Crédit Suisse, la Barclays, Siemens... plus récemment le scandale de la FIFA. Enfin, plus lointaine mais déjà significative, l’affaire Perrier en 1990 avec le benzène retrouvé dans 13 bouteilles d’eau du groupe Nestlé. Michel Rocard, Premier ministre à l’époque, fut obligé de monter au créneau dans le journal de 20 heures de TF1. Ces affaires retentissantes et médiatiques sont toutes parties des Etats-Unis. L’affaire Volkswagen, c'est la cerise sur le gâteau.

 

Si on extrapole, peut-on faire le lien avec le traité transatlantique de libre-échange qui est en cours de négociation entre Bruxelles et Washington ?

 

Ce traité bilatéral imposera des règles réciproques à tous les pays partenaires. Exemple, pour rester dans le domaine de l’automobile : en matière de crash test, pour vendre une voiture aux Etats-Unis, l’Union européenne imposera aux constructeurs européens des normes acceptables sur le sol américain et, vice versa, les normes américaines devront rester sous la toise européenne. Nous sommes aujourd’hui dans ce rapport de force et les Etats-Unis montrent leurs muscles pour devenir le ‘deus ex machina’ de la norme mondiale, là où l’Europe se cherche encore car elle manque de leadership. L’affaire Volkswagen est un immense scandale industriel qui appelle des sanctions évidentes, mais c’est aussi la face cachée de l’offensive économique américaine qui se joue avec des exemples marquant l’opinion publique.  L’occasion fait le larron. En touchant Volkswagen, les américains touchent directement l’Allemagne, orgueil du savoir-faire et de la rigueur, surtout moteur de l’économie européenne.

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