Yahoo! passera-t-il l'hiver ?
Aux Etats-Unis, quand un hedge fund – un fonds d’investissement qui représente les actionnaires – tire à boulets rouges sur le patron d’une entreprise, celui-ci a intérêt à avoir les reins solides et une sacrée carapace. Quant au groupe, même les anciennes gloires d’internet que l’on croît indéboulonnables peuvent craquer un jour ou l’autre. Yahoo! est devenu un mastodonte aux pieds d’argile.
Un empire s’effondre
Souvenez-vous, il y a une vingtaine d’années, Yahoo! fut – au vrai sens du terme – la porte d’entrée du grand public vers internet. Mais 20 ans dans le numérique, c’est plus qu’un siècle et il faut s’adapter. Ce que n’a pas su faire Yahoo!, en ratant notamment l’explosion des services dans la téléphonie mobile.
Pour le reste, les exemples d’échecs sont nombreux… Citons en trois. Les pages personnelles qu’offrait le site ont été remplacées par les blogs et réseaux sociaux ; l’annuaire thématique (cœur de métier du groupe) a été remplacé par les moteurs de recherches (Google a vampirisé tous ses concurrents) ; le portail d’actualité Yahoo! Actualités n’a plus de raison d’être face à l’offre pléthorique des réseaux sociaux – encore eux –, des sites d’information en ligne, des chaînes d’infos en continu, etc…
Yahoo! n’a pas su s’adapter et les actionnaires en ont assez
Le groupe est valorisé aujourd’hui en bourse quelque 32 milliards de dollars. Cela peut paraître beaucoup mais 32 milliards, c’est la valeur des 15% que Yahoo! détient dans la plateforme chinoise Alibaba. Problème d’équilibre et de logique d’existence même.
La tête de la jeune présidente est demandée : Marissa Mayer, 40 ans, ancien pilier de Google (elle en était la vingtième salariée avant d’être débauchée par Yahoo! en 2012). Elle s’est lancée dans une politique d’acquisitions de start-up tous azimuts mais la greffe n’a pas pris.
Les actionnaires de l’entreprise réclament également la tête de 9 000 employés (85% des effectifs de Yahoo !)… jusqu’à l’annulation du principe de la restauration gratuite pour les salariés. Un signal. L’issue de tout cela est vraisemblablement une vente de l’entreprise par appartements, par morceaux. Pour Anissa Mayer, des indemnités de départ de 110 millions d’euros en plein congé maternité (elle vient d’accoucher de jumelles)… tout ça pour ça et, surtout, pour un acteur d’internet qui ne vaut aujourd’hui plus rien aux yeux de Wall Street.
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