Le Prix franceinfo de la BD, Camille Cottin au théâtre et l'exposition Suzanne Valandon au Centre Pompidou
Tout Public s’ouvre avec la remise du 31e Prix franceinfo de la bande dessinée d’actualité et de reportage qui récompense cette année la BD Racines de Lou Lubie. Un récit qui mêle vécu personnel et portrait d’une société qui laisse à la marge les cheveux texturés. Entre discrimination au travail des cheveux crépus et valorisation des cheveux lisses dans la culture dominante, Lou Lubie montre que le cheveu est politique. De fait, avoir les cheveux lisses comme norme universelle est "complètement intériorisé", explique-t-elle. Une représentation qui cache "un héritage très ancien, qui vient de la période du colonialisme et de l'esclavage", soutient la bédéiste.
"C’est une bande dessinée qui essaye d’adoucir la peine de celles et ceux qui souffrent de leurs cheveux texturés."
Lou Lubiefranceinfo
La bédéiste précise par ailleurs qu’il ne s’agit pas d’un récit autobiographique. "Je n'ai pas vécu tout ce que Rose [la protagoniste de l’histoire] a vécu, explique Lou Lubie. C'est le fruit d'une longue enquête et de beaucoup de témoignages qui ont permis de faire émerger ce personnage." Un sujet perçu de plus en plus comme étant politique, comme l’atteste d'ailleurs la proposition de loi(Nouvelle fenêtre) visant à intégrer dans le Code du travail la discrimination capillaire à la liste des motifs discriminatoires.
Racines (Delcourt), à retrouver dès maintenant en librairie.
Camille Cottin au théâtre
Camille Cottin, après s’être fait connaître sur le grand et le petit écran ces dernières années, retourne là où elle a commencé, le théâtre. Le Rendez-vous, adaptation de l’ouvrage Jewish Cock de Katharina Volckmer et mis en scène par Jonathan Capdevielle, est le monologue d’une jeune femme (incarnée par Camille Cottin) à son gynécologue pendant une consultation en vue d’une transition de genre. Un retour sur les planches qui prend la forme d'un seule-en-scène, une première pour la comédienne, qui a plutôt eu l’habitude de faire du théâtre "en troupe, en bande". Une composante que Camille Cottin jugeait "essentielle" dans le travail théâtral. Et pour s’adapter à cet exercice, cette dernière est passée par un travail sur son propre corps. "On a convoqué beaucoup d'images, ce qui a transformé mon corps en partenaire, et en sorte de marionnette."
"Il y a un appel à la résistance, à la liberté, et en même temps à l'humilité et au courage qu'il faut pour être soi-même."
Camille Cottinà franceinfo
Un spectacle qui aborde donc la thématique de la transidentité, mais transmet un message néanmoins universel selon l’actrice. "C'est de l'ordre du fantasme, cette idée de ne pas être née dans le bon corps. Elle l'explore dans plein d’états, à plein de moments, et dans plein de prises de conscience qui laissent un espace où beaucoup peuvent se retrouver."
Le Rendez-vous, jusqu’au 25 janvier 2025 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris.
Exposition "Suzanne Valandon" : les artistes femmes à l'honneur dans l'art contemporain
Avec une exposition consacrée à l’artiste du début du XXe siècle Suzanne Valadon au Centre Pompidou, l’art contemporain et ses musées témoignent leur intérêt grandissant pour les artistes femmes. "Il était vraiment temps" pour le directeur du Musée national d’art moderne Xavier Rey. Et pour cause, Suzanne Valandon est une artiste qui vaut le détour : autodidacte et d’abord modèle pour les plus grands peintres de son époque, elle a acquis sa technique en les observant, pour ensuite s'affirmer dans son art, notamment par son travail autour du nu féminin et masculin.
"Suzanne Valandon porte un regard très amusé, très parodique, sur l'histoire de son temps, sur le regard des hommes, et elle invente ce qu'on appelle aujourd'hui le 'female gaze' (le regard féminin) sur le corps des femmes et des hommes."
Camille Morineaufranceinfo
Camille Morineau, ancienne commissaire d’exposition au Centre Pompidou et créatrice de l’association Aware (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), se dit "bluffée" par les nus de l’artiste Suzanne Valadon, que la préparation à l’exposition lui a permis de découvrir. Camille Morineau décrit des dessins "très réalistes", où des femmes "qui prennent leur bain (…) se peignent et se coiffent". Ces dernière sont "très naturelles", et Suzanne Valandon innove à une époque où il n'est pas habituel de voir des femmes dans de telles poses, explique l'ex-commissaire d'exposition.
La mise en avant de l’artiste Suzanne Valandon est donc représentative du renouvellement de l’intérêt pour les artistes femmes, qui ont été oubliées par l’histoire tandis qu'elles avaient connu le succès à leur époque. "La plupart d'entre elles étaient les égales des hommes de leur vivant, explique Camille Morineau. Et c'est ça qu'on redécouvre finalement : ce sont des artistes qui ont été reconnues, qui ont été valorisées, dont les œuvres ont été parfois chères, et que la deuxième partie du XXᵉ siècle a effacé." Un effort de reconnaissance des artistes féminines dans l’histoire de l’art qui ne fait donc que débuter.
L’exposition "Suzanne Valandon" est à retrouver jusqu’au 26 mai 2025 au Centre Pompidou de Paris.
Une émission avec la participation de Jean-Christophe Ogier, présentateur du podcast BD bande dessinée de franceinfo(Nouvelle fenêtre), et de Thierry Fiorile et Anne Chépeau, journalistes au service culture de franceinfo.
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