Défilé du 14 juillet : la défense dans le viseur
Le gouvernement vient d’annoncer des coupes de 500 millions d’euros par an dans le budget de la défense pour la période 2015-2017, mais le défilé sera pourtant l’occasion d’exposer la puissance militaire et logistique française. D’autant plus que cette année est placée sous le signe du centenaire de la Grande guerre.
Premiers avions, premiers chars, premiers sous-marins… Jamais auparavant de tels moyens n’avaient été mis en œuvre sur le terrain, à l’échelle internationale : "C’est une première guerre industrielle qui va tuer de manière industrielle : l’horreur de la Grande guerre est conditionnée par la capacité à alimenter les canons en obus, à amener ces canons en obus à alimenter les mitrailleuses…" , explique le Général Christian Baptiste, directeur du Musée de l’armée, à Paris, "Dans les guerres modernes, la question de la logistique se pose de manière accrue" .
Photo: Général Christian Baptiste, directeur du Musée de l'armée
Et c’est sans compter les 65 millions de soldats qui prennent part aux combats à travers le monde entre 1914 et 1918. Soit autant d’hommes sur le front qu’il faut alimenter en nourriture et en munitions : "Pour un soldat à l’avant, il faut 3 soldats à l’arrière pour le soutenir et lui fournir les moyens logistiques" , affirme le général.
Loin d’être la Der des Ders , la Grande guerre s’avère être prémonitoire de la Seconde, notamment en ce qui concerne les moyens techniques. Selon Christian Baptiste, les hommes ont affiné leur logistique pendant la Seconde guerre mondiale : "Il y avait parfois des forces mécanisées et blindées qui s’arrêtaient d’un seul coup parce qu’il fallait des dizaines de milliers de litres d’essence et des centaines de milliers de tonnes d’obus qui devaient suivre derrière…"
Désormais, les guerres modernes misent sur une grande anticipation des capacités matérielles et humaines avant même d’être sur le terrain. Pourtant, il y a parfois des surprises… Comme récemment au Mali : "Au Mali, nos soldats ont combattu dans des conditions extrêmement difficiles face à un ennemi totalement acclimaté. Il y a eu une petite surprise : les rochers étaient à plus de 60°C et la colle des Rangers s’est polymérisée… Les semelles se sont décollées."
Et puisque la guerre moderne est une guerre sans frontière, matériel et hommes doivent faire preuve d’une bonne capacité d’adaptation, quitte à mettre en place un système D plutôt précaire : "Les soldats de l’arrière ont donné leurs chaussures à ceux qui étaient sur le front. C’est une leçon à retenir, il faut développer des matériaux qui puissent résister dans des conditions extrêmes" , reconnaît Christian Baptiste.
Une chose est certaine, des batailles à chevaux ou à chameaux de Jules César aux guerres technologiques à coups de drones, la logistique militaire doit miser sur l’anticipation et la coopération : "L’homme n’est rien s’il ne fait pas partie d’une communauté d’action et d’un groupe et tout le monde est connecté, tout le monde est inscrit dans une manœuvre d’ensemble. Il n’y a que dans les films où un homme seul peut forcer la décision" .
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