"Gold of Bengal" : le bateau écolo du salon nautique
Au milieu de la forêt de mâts, des catamarans, maquettes et autres bateaux
aux moteurs surpuissants du salon nautique, un voilier attire l'œil : le "Gold
of Bengal" est fabriqué à 100% en...fibre de jute.
À son bord, Corentin de Chatelperron, jeune ingénieur bourré d'imagination,
évoque l'origine de son projet : "Il y a trois ans j'ai navigué seul
du Bangladesh à la France à bord du Tara Tari qui est un petit bateau fabriqué
à 40% en toile de jute. Depuis, nous avons récolté des fonds pour poursuivre
les recherches et concevoir le "Gold of Bengal", un bateau cette fois-ci réalisé à 100% en
fibre de jute " explique l'aventurier. Une première mondiale.
Le jute pousse dans les régions humides, voire inondées, et particulièrement
dans le Golfe du Bengale où 40 millions de personnes vivent de sa production.
Alors qu'il travaillait sur le chantier naval "Tara tari" au
Bangladesh, Corentin a été frappé par les contradictions de ce pays, dépendant
de la pêche mais voué à faire importer bois et fibre de verre pour construire
les bateaux afin de pallier la déforestation massive et l'augmentation
du prix du bois.
Allier savoir-faire traditionnel, ressources locales et technologies
modernes, tel est le rêve de Corentin : "S i, dans le
pays de la plus grande flotte de bateaux au monde, les habitants pouvaient utiliser le jute qui pousse dans leurs champs plutôt que d'importer de la fibre de verre qui est
énergivore, les impacts écologiques, économiques et sociaux seraient colossaux ! "
Pour convaincre les mécènes, ce Robinson des temps modernes s'est donc embarqué seul
pendant six mois à bord du premier bateau fabriqué à base de jute. Poules,
serre et dessalinisateur... le jeune homme a tout prévu pour recréer un
écosystème dans son embarcation.
Cette expérience est une belle preuve d'économie
circulaire et d'autonomie, applicable à grande échelle, à travers le monde. Suivre ses aventures en vidéo.
Il faut le reconnaître, rien n'aurait été possible sans Yves Marre, un
ancien naviguant d'Air France qui a vogué, de Paris au Bangladesh, à bord de sa péniche qu'il a transformé en hôpital flottant. Ce "friendship hospital" navigue le long du fleuve Brahmapoutre et a déjà soigné plus d'un million de personnes.
Troisième acteur-clé de l'aventure : l'architecte naval Marc Van Peteghem qui a eu un véritable coup de cœur pour cette opération. Il contribue à la construction de bateaux-ambulances et conçoit des bateaux plus sûrs pour les pêcheurs, toujours en misant sur le savoir-faire local: "On ne fera pas de meilleures formes que ce qu'ils font depuis des millénaires" affirme-t-il.
Avec Yves Marre, il crée donc l'association Watever qui a pour objectif de concevoir des bateaux accessibles au plus grand nombre en utilisant les ressources locales. Pour faciliter le développement de la construction de ces bateaux alliant tradition et modernité, ils ouvrent un chantier naval, le Tara tari, près de Dacca, la capitale du Bangladesh.
Au fil de l'eau, les grands esprits se rencontrent... La générosité de ces trois mousquetaires est sans limite et de nombreux projets sont en cours. Il s'agit dans un premier temps de poursuivre les travaux visant à permettre aux pêcheurs d'accéder à des bateaux plus résistants, pour faire face aux nombreux cyclones qui ravagent la région.
Afin de pérenniser la fabrication artisanale qui fait partie de la culture du Bangladesh, les trois amis souhaiteraient également créer un musée de la marine afin de préserver ce patrimoine maritime exceptionnel.
Enfin, la création d'une association de sauveteurs en mer, à l'image du SNSM, permettrait de sauver de nombreuses vies.
Désormais, ce sont trois générations de Français qui, au bout du monde, partagent ensemble leur savoir-faire et vivent une aventure extraordinaire...à
suivre !
Pour en savoir plus, regardez l'interview complète d'Yves Marre, de Marc Van Peteghem et de Corentin de Chatelperron, réalisée par Gérard Feldzer au salon du nautique.
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