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Transportez-moi. Mouvements sociaux et grèves

Le point sur les grèves dans les transports, à la SNCF mais aussi à Air France, sans compter les éboueurs. Des mouvements sociaux avec des revendications très différentes.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jour de greve à la RATP. Le quai ainsi que les wagons sont plein à craquer.  (Jean-Pierre Dalbéra)

Grève à la SNCF, à Air France, grève des éboueurs, il y a au moins un point commun : c’est la galère pour les usagers, mais aussi les conséquences économiques, notamment pour les PME. On parle de l’exception française que certains appellent la "grèviculture". Avec plus de 800 grèves par an et quatre millions de jours de grèves, nous ne sommes certes pas les seuls sur le podium, mais c’est quand même quatre fois plus qu’en Allemagne.

Y a-t-il une explication ?

Oui ! Depuis des années on tente de concilier nos deux principes constitutionnels : la continuité du service public et le droit de grève. C’est très difficile, alors on confond souvent négociation et concertation suivant qu’on soit du côté syndical ou du côté du gouvernement. La grève devient alors un outil de négociation. Et le modèle de dialogue social se cale alors sur une culture du conflit. En gros, des deux côtés, on tire d’abord, on parle ensuite.

Qu’est-ce qu’un cheminot ?

"Cheminots" désignait les personnes qui cheminaient le long des chemins, puis des chemins de fer. Aujourd’hui, il désigne tous ceux qui travaillent dans le ferroviaire : les ingénieurs, techniciens, commerciaux, tous ne sont pas indispensables à la marche du train, mais tous font partie de la même famille.

Il font tourner la même machine. Cela leur donne un sentiment d'appartenance à une même famille.

Luc Fournier, historien des chemins de fer

Ceux qui sont vraiment indispensables pour faire rouler les trains sont les conducteurs bien sûr, mais aussi les aiguilleurs et les contrôleurs ou régulateurs qui supervisent le trafic des rames. Ces métiers ne sont pas remplaçables au pied levé, et depuis toujours, à tel point que même en temps de guerre, ils n’étaient pas en première ligne.

Ça se passe comment chez nos voisins européens ?

La moitié des pays européens a mis en place une législation instaurant une obligation de service minimum. Le dialogue social en général prévient les conflits. Dans certains pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Grèce, les fonctionnaires statutaires qui sont une minorité dans le ferroviaire ont un droit de grève très encadré. Ce qui est également le cas en France pour certaines professions.

Il y a également des grèves annoncées dans l’aérien

Le contexte est différent, car même s’il y a un fort corporatisme de la part notamment des navigants, il y a toujours des compagnies, notamment les low-cost qui peuvent, contrairement au ferroviaire, acheminer les voyageurs. La marge est donc plus étroite au risque de fragiliser encore plus la compagnie vis-à-vis des concurrents.

Il y a de la concurrence, donc le pouvoir de nuisance est affaibli. Quand on rsique de perdre son emploi, le style de combat est forcément plus faible.

Geoffroy Bouvet, président de l'association des professionnels de l'aviation

Geoffroy Bouvet était lui-même président du syndicat des pilotes de ligne, il explique que sortir d’une grève est beaucoup plus difficile que d’y entrer et que les solutions acceptables par les partis doivent être envisagées dès le départ.

La séquence insolite : typologie des grèves 

Grèves sauvages, tournantes, sur le tas,  grèves du zèle ou encore perlées, sans oublier les grèves solidaires, le vocabulaire ne manque pas. L’objectif reste le même : faire pression et de la bataille du rail ou du ciel on passe à la bataille d’opinion. Et cela à un coût pour les entreprises de transport, entre 10 et 20 millions d’euros par jour, et pour la collectivité cela peut grimper à 400 millions par jour.

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