À Hong Kong, un dépistage généralisé du virus suscite la controverse
Cette démarche est loin de faire l’unanimité dans la ville qui est en pleine crise politique depuis plus d’un an et elle inquiète les militants pro-démocratie.
Si l’on en croit le discours officiel des autorités de la ville, c’est une initiative formidable ! Rendez-vous compte, dit la presse officielle chinoise, voilà donc des tests "universels", disponibles pour tout le monde. Les sept millions et demi d’habitants de Hong Kong sont en effet tous invités à se faire dépister depuis ce 1er septembre et ça va durer deux semaines. Ils sont jusqu’à présent 650.000 à s’être déjà inscrits en ligne, soit près d’un habitant sur dix. 141 centres de dépistage ont été mis en place, avec l’appui de 10 000 employés : 6 000 pour le personnel médical, et 4 000 pour la gestion administrative des dossiers.
Tous les membres du gouvernement ont montré l’exemple en allant se faire tester dès ce 1er septembre au matin, notamment la cheffe de l’exécutif Carrie Lam. Selon le gouvernement, cette opération de grande ampleur se justifie en raison de la dégradation de la situation épidémique, cet été à Hong Kong. Jusqu’à début juillet, la ville ne comptait quasiment aucun cas, mais ils se sont multipliés, à raison de 100 par jour fin juillet début août. Et la municipalité dit vouloir éviter ce qu’elle qualifie de "troisième vague" du virus.
Le risque d'un immense fichier ADN
Mais l’opposition, qui a multiplié les manifestations depuis un an, trouve ce dépistage inquiétant et malvenu ; en fait la flambée enregistrée en juillet, semble s’être déjà enrayée d’elle-même depuis une dizaine de jours et grâce aux mesures de restriction et de confinement adoptées cet été : seulement 9 nouveaux cas lors de la journée du 31 août. Et au total, depuis six mois, le bilan reste très modéré : 4 823 cas et 90 morts en tout et pour tout.
Donc pourquoi un dépistage généralisé, pourquoi mobiliser autant de moyens et d’argent alors que la situation semble à nouveau sous contrôle ? Plusieurs leaders de l’opposition ont leur petite idée. Ils y voient un ordre de Pékin, une façon d’imposer sa méthode à Hong Kong. Et peut-être une arrière-pensée : profiter de ce dépistage pour relever les empreintes ADN des habitants et constituer un immense fichier de surveillance. Vu les pratiques du pouvoir central chinois en la matière, on a le droit en effet de se poser la question. D’autant que plusieurs entreprises de Chine continentale sont impliquées dans les opérations de dépistage. L’un des principaux militants prodémocratie Joshua Wong et la leader syndicale Winnie Yu ont donc appelé au boycott de cette campagne de tests généralisés.
Elections reportées et arrestations en série
En plus l’été a été marqué par un nouveau durcissement du pouvoir chinois vis-à-vis de Hong Kong, dans la foulée de la promulgation, fin juin, de la nouvelle loi sur la sécurité nationale. Elle met de fait un terme au principe "un pays deux systèmes" qui garantissait normalement l’autonomie de Hong Kong jusqu’en 2047. Et depuis, au fil de l’été, plusieurs dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, près d’une dizaine encore le 25 août. La pression est considérable sur les étudiants et les professeurs d’université. Quant aux élections initialement prévues en septembre, elles ont été reportées. La reprise en main de Pékin est donc engagée par tous les moyens disponibles.
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