A la frontière indo-chinoise, Pékin joue des coudes pour étendre son territoire
Encore une illustration de la volonté expansionniste de la Chine, déjà manifeste en Afrique notamment, avec le projet des nouvelles routes de la soie, ou à Taïwan, territoire qu’elle considère comme l’une de ses provinces. La toute nouvelle "carte standard" du gouvernement chinois vient de sortir et, ni vu ni connu, Pékin s’étale et s’attribue 100 000 km2 supplémentaires. Enfin, pas vraiment ni vu ni connu, puisque les zones concernées sont celles de l’Arunachal Pradesh, une bande de terre de 3 500 km qui longe l’Himalaya, tout au long de la Ligne de contrôle effectif.
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Déjà des vies perdues lors d'accrochages
Cette ligne s’étend vers le Nord, en direction du plateau de l’Aksaï Chin, deuxième zone de friction. Celle-ci est contrôlée par Pékin, mais contestée par New Delhi. De récentes images satellites y révèlent même la construction de bunkers souterrains, conçus pour résister à d’éventuelles attaques aériennes.
Ces dernières années, les deux armées n’hésitent plus à aller au contact. En décembre 2022, dix soldats indiens et quatre militaires chinois ont perdu la vie durant l’un de ces accrochages. Ce qui explique donc la "vive" réaction de l’Inde aujourd’hui à la publication de cette "carte standard" chinoise version 2023.
D'autres voisins concernés
Le sujet sera forcément abordé lors du G20 de la semaine prochaine à New Delhi. Et le ministre des Affaires étrangères indien a donné un aperçu de l’ambiance dans laquelle se dérouleront les discussions. Il s'est exprimé mardi soir sur le plateau de la chaîne indienne NDTV : "C’est une vieille habitude chez eux, ça a commencé dans les années 50. Nous connaissons précisément l’étendue de notre territoire, les frontières que nous devons défendre. Donc faire ce genre d’affirmations absurdes ne conduira personne à s’approprier le territoire des autres. Que les choses soient claires."
On précise quand même que cette "carte standard" chinoise ne se contente pas de pousser les murs côté indien. Taïwan fait évidemment partie du lot, tout comme certaines zones en Mer de Chine méridionale, historiquement contestées par le Vietnam, la Malaisie, les Philippines... autant de points géographiques pouvant servir d’étincelles et provoquer une escalade sécuritaire entre la Chine et ses voisins.
Un camp anti-occidental fissuré
Indirectement, cette querelle pourrait profiter au camp occidental, ou en tout cas fissurer la belle unité affichée il y a encore quelques jours entre les deux superpuissances mondiales, au sein des Brics (groupe de concertation entre le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud).
Le sommet des Brics du 24 août avait franchement donné des sueurs froides à l’Amérique et ses alliés. L’émergence d’un contrepoids faisant bloc face au monde occidental, à l’intérieur de ces Brics, la Chine et l’Inde main dans la main pour renforcer, selon les termes de la déclaration finale, la "paix et le développement dans le monde". L’épisode d’aujourd’hui est une curieuse manière de s’y prendre.
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