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Au Brésil, le président Bolsonaro se livre à de nouvelles provocations en pleine flambée de l'épidémie de Covid-19

L’épidémie explose à nouveau dans le pays. Et dans ce contexte sanitaire dramatique, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui n’en est pas à sa première provocation, dénonce les "pleurnicheries" de la population.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Le président brésilien Jair Bolsonaro lors d'une conférence de presse à Brasilia le 5 février 2021 (EVARISTO SA / AFP)

Il faut l’entendre pour le croire. Ce jeudi 4 mars au soir lors d’un discours en public, Jair Bolsonaro a prononcé cette formule: "Chega de frescura, de mimimi". Cela veut dire "Assez de chichis, assez de pleurnicherie, arrêtez de geindre". Voilà la seule chose que trouve à dire le président brésilien alors que le pays connaît une explosion sans précédent de la maladie. Jair Bolsonaro, lors de ce discours, a même justifié sa position en citant la Bible ("N’ayez pas peur"). Avant d’ajouter : "Cela suffit ces histoires. On a assez de problèmes. Jusqu’à quand allez-vous rester à la maison ? Jusqu’à quand tout va-t-il rester fermé ? Personne ne supporte plus ça".

Le dirigeant d’extrême droite n’en est pas à son coup d’essai. Depuis le début de la pandémie, il n’a jamais manifesté aucune empathie pour les victimes, et a toujours minimisé les chiffres et la dangerosité du virus. Mais là, cela bat tous les records.  

Records de décès et de contaminations

Et cela se produit alors que la situation est catastrophique: 1 700 morts en 24 heures ce même jeudi 4 mars, un niveau sans précédent dans le pays depuis le début de la pandémie. Et les courbes grimpent de façon exponentielle depuis une semaine: courbe des décès, des hospitalisations avec des services de réanimation saturés dans les plus grandes villes. Et courbe des contaminations : 75 000 contaminations par jour. Record là aussi.

C’est la conséquence des rassemblements publics du début d’année et du Carnaval, de l’inaction du gouvernement central brésilien. Et aussi de la diffusion, rapide là-bas, d’un variant qui inquiète toute la planète : apparu en Amazonie, il touche désormais quasiment tout le pays. Le Brésil compte plus de 260 000 morts, 2e plus lourd bilan au monde après les Etats-Unis.

À première vue, en proportion de la population, c’est assez similaire à la France (le Brésil compte trois fois plus d’habitants). Mais il y a une grosse différence : au Brésil, les chiffres ne sont absolument pas fiables. Selon les meilleurs spécialistes de santé publique, le bilan réel est potentiellement deux fois plus élevé.  

Les régions et les grandes villes contre l'État central

Les provocations de Jair Bolsonaro s’inscrivent aussi dans le contexte d’un bras de fer politique entre le gouvernement central et les autorités régionales ou municipales, un peu partout dans le pays. Comme il n’y a pas de politique nationale de lutte contre le virus, chaque région, grande ville, prend ses dispositions. Et depuis début mars, face à la flambée de l’épidémie, les mesures de restriction ou de confinement se sont donc multipliées : fermeture des bars et des restaurants dans la capitale Brasilia et dans tout l’état de Sao Paulo, moteur économique du pays. Couvre-feu nocturne dans une région sur deux. Et achat direct de doses de vaccins par les instances régionales.

Le gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria, à qui l’on prête des ambitions politiques nationales, est en pointe dans cette mobilisation. Il accuse le président Bolsonaro de "négationnisme" face au virus. Et bien sûr Bolsonaro ne le supporte pas : il a annoncé que l’État central, par rétorsion, ne financerait aucune compensation économique après les restrictions décidées par les régions.

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