Au Canada, la "Trudeau Mania" qui avait soufflé sur le pays en 2015 a-t-elle fait long feu ?
Justin Trudeau a convoqué des élections législatives anticipées, qui auront lieu lundi. Le Premier ministre canadien espère regagner une majorité à la Chambre des communes, qu'il n'a plus depuis deux ans. Mais il est en mauvaise posture.
Les Canadiens sont appelés aux urnes lundi 20 septembre pour élire leurs députés mais à quatre jours du scrutin, le Premier ministre sortant Justin Trudeau n’est pas en très bonne position dans les sondages. Il pensait pourtant surfer sur sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19 et le succès de la campagne de vaccination, pour remporter haut la main un troisième mandat. Mais Justin Trudeau doit se rendre à l’évidence, les écarts dans les sondages sont minimes : le Parti libéral qu’il incarne et le Parti conservateur de son rival Erin O’Toole sont crédités chacun de 32% des intentions de vote.
Sa cote de popularité est en baisse, usé par le pouvoir et des scandales qui ont écorné son image : Justin Trudeau avait été accusé de conflits d’intérêts l’an dernier. Il est désormais à la recherche d’un nouveau souffle. Mais il également confronté à l’incompréhension d’une majorité de canadiens qui se demandent pourquoi avoir convoqué des élections fédérales anticipées en plein cœur de l’été alors que le Canada affrontait une quatrième vague de Covid-19 et que le pays sortait à peine d’un épisode caniculaire comme il en avait rarement connu. En réalité Justin Trudeau cherche à récupérer une majorité à la chambre des communes que le Parti libéral avait perdue il y a deux ans ce qui l’oblige à composer pour faire voter des réformes.
Une campagne tambour battant pour le chef de file des conservateurs
Erin O’Toole a axé ses discours sur le renouveau que son parti représente et sur le recul qui menace le Canada si les libéraux remportaient les élections notamment sur le plan environnemental. Le Canada est en effet le seul pays du G7 à avoir augmenté ses émissions de gaz à effet de serre depuis 2015, année de l’élection de Justin Trudeau. Erin O’Toole en a fait un argument électoral : il intégré la tarification du carbone dans son programme et s’est engagé à respecter l’accord de Paris sur le climat.
Face à ses détracteurs qui l’accusent d’incompétence et de corruption, Justin Trudeau multiplie les appels au vote stratégique pour barrer la route aux conservateurs. Mais ces derniers disposent d’un réservoir de voix important au Québec. Avec ses 8 millions d’habitants, la belle province dispose de 78 sièges sur les 170 qui sont nécessaires pour obtenir la majorité à la Chambre des communes. Or, le Premier ministre du Québec François Legault a donné pour consigne de ne pas voter pour Julien Trudeau mais pour Erin O’Toole.
Derrière cette consigne il y a en fait un désaccord de fond à propos de la loi sur la laïcité au Québec qui interdit le port de signes religieux à plusieurs catégories de fonctionnaires publics. La justice du Québec a certes invalidé en avril dernier une partie de cette loi controversée en excluant notamment les enseignants anglophones de cette obligation mais elle continue de provoquer des remous dans la classe politique canadienne. C’est surtout un sujet de tension permanent entre Julien Trudeau, attaché au multiculturalisme, et le premier Ministre du Québec, François Legault qui représente une droite nationaliste. Son but est clairement d’affaiblir le Premier ministre sortant en l’empêchant d’obtenir une majorité. Un "Tout Sauf Trudeau" qui pourrait avoir une incidence sur le vote de lundi.
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