Balkans : victime d'une cyberattaque, le Monténégro accuse la Russie
Le Monténégro, pays des Balkans, est visé depuis plusieurs jours par une série d'attaques informatiques. Les pouvoirs publics soupçonnent la Russie de piloter l’opération. C’est l’un des nombreux effets de bord de la guerre en Ukraine.
L’attaque a démarré le 22 août et elle continue. C’est ce qu’a confirmé le gouvernement de ce petit pays de 620 000 habitants et de 13 000 km2, à peine plus grand qu’un département français. La première salve d’attaques cyber a donc démarré le 22 août et une deuxième salve a pris le relais le 26 août. Les systèmes informatiques de plusieurs institutions publiques ont été infectés, dont celui du ministère des Finances.
Le système électrique aurait également été visé : l’opérateur public a d’ailleurs basculé en mode manuel afin de ne prendre aucun risque. Les services en ligne de certaines administrations ne sont plus disponibles. Le gouvernement du Monténégro affirme que les données personnelles des habitants sont protégées, mais il n’en apporte pas la preuve. Il conseille tout de même aux habitants de faire des copies, des sauvegardes, de leurs données les plus importantes. Selon les Etats-Unis, ces attaques informatiques pourraient aussi provoquer des perturbations au Monténégro dans les transports, les aéroports, les passages frontaliers, les télécommunications. Bref, le pays n’est pas sorti d’affaire.
Un pays ennemi selon Moscou
Les pouvoirs publics du Monténégro soupçonnent donc la Russie : lors d’une conférence de presse lundi 29 août, le ministre des administrations publiques a souligné le professionnalisme de ces attaques, préparées selon lui de longue date. L'Agence nationale de sécurité (ANB) accuse clairement Moscou d’avoir coordonné cette offensive. Le pays a reçu le soutien logistique de plusieurs pays occidentaux de l’Otan, notamment la France, qui a d’ailleurs pour projet de créer un centre de coordination cyber au Monténégro.
L’hypothèse d’une origine russe est plausible parce que le Monténégro est dans le viseur de Moscou. Coincé entre Albanie, Bosnie et Serbie, il fait partie de cette région des Balkans que la Russie considère comme faisant partie de sa zone d’influence. Sauf que depuis 10 ans, le Monténégro n’a cessé de prendre ses distances avec Moscou, en devenant d'abord candidat officiel à l’adhésion à l’Union Européenne en 2010, puis en rejoignant l’Otan en 2017. En mars dernier, le Monténégro a emboité le pas aux Européens sur les sanctions contre Moscou après le début de la guerre en Ukraine. Dans la foulée, la Russie a riposté en classant le Monténégro dans sa liste des "pays ennemis".
42 pays visés depuis six mois
Au début de la guerre en Ukraine, on avait redouté des cyberattaques en série, et on peut avoir l'impression qu'elles sont finalement rares. Mais ce n’est pas parce qu’on n’en parle pas qu’elles n'existent pas. Disons plutôt qu’elles semblent avoir fait assez peu de dégâts jusqu’à présent ou alors les dégâts sont bien dissimulés. Mais ça ne signifie pas l’absence d’attaques.
Au début de la guerre, en février, Moscou a lancé plusieurs offensives informatiques contre les banques et les administrations ukrainiennes, ça c’est avéré. Et juste avant l’été, l’entreprise américaine Microsoft a évalué le nombre de pays déjà attaqués par les hackers russes depuis six mois, à quarante-deux. Cibles prioritaires : l’Ukraine évidemment, et aussi les pays Baltes et les pays Nordiques. Microsoft précise également que 20% de ces attaques informatiques ciblent des entreprises. Le plus souvent, rien ne filtre. Le Monténégro est donc un révélateur, comme une partie émergée de l’iceberg.
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