Canada : Les peuples autochtones remportent une victoire historique
16 milliards d'euros d'indemnisation, c'est ce que devra payer le gouvernement fédéral canadien à 300 000 enfants et à leurs familles victimes de discrimination raciale. Un exemple de discrimination qui s'est répété au fil du temps : quand une famille autochtone n'a pas assez d'argent, quand elle peine à nourrir ses enfants, au lieu de l'aider, ses enfants lui sont régulièrement retirés pour être placés ailleurs. “On ne peut pas comme ça enlever un enfant à sa famille pour cause de pauvreté”, a dit en réaction Carolyn Bennett, ministre fédérale des Affaires autochtones. Il faut plutôt, dit-elle, remplir les frigos.
Ce système a duré des dizaines d'années, ce qui explique qu'en 2016, un enfant placé sur deux était autochtone, alors que ces enfants-là ne représentent que 8 % de la totalité des enfants canadiens.
La justice canadienne admet que les services publics ont été défaillants
Le gouvernement fédéral canadien à Ottawa n'a pas mis assez d'argent pour ces enfants dans les réserves amérindiennes, par rapport à ce qui était investi pour les autres familles canadiennes. Il y a eu défaillance dans le soutien aux parents, dans l'éducation, dans la santé aussi. L'un des principaux plaignants s'appelle Zach Trout. Cet homme vient de la province du Manitoba, il a eu deux enfants atteints de troubles neurologiques graves. Il raconte comment il a dû se battre pour avoir de l'aide et un accès aux soins pour ses enfants qui ont, par exemple, besoin de six seringues par jour, ils n'en auront que six par mois. Ils ont attendu plus d'un an pour obtenir des lits inclinés. "Nous avons été traités, dit-il, comme des citoyens de troisième classe".
Malgré cette décision de justice, les associations de défense des droits des peuples autochtones restent très vigilantes car rien n'est encore réglé et le gouvernement, en plus des 23 milliards de dollars canadiens pour les familles, devra investir 20 milliards pour réformer la protection de l'enfance et les services aux familles qui vivent dans ces réserves.
Un pas sur le chemin de la réconciliation pour le gouvernement canadien
Ce chemin est encore très long, car ces discriminations, font écho, à d'autres violences. Entre 1931 et 1996, 150 000 enfants Inuits, métisses et des Premières nations ont été enlevés de force à leurs familles et placés dans des pensionnats souvent dirigés par l'Église catholique. Le but était alors de les évangéliser et “d’enlever l'Indien qui étaient en eux”.
Ceux qui en sont sortis raconte les abus sexuels, les humiliations, les mauvais traitements, l'obligation de manger du savon dès qu’un mot en langue maternelle sortait de la bouche de ces enfants. Selon la commission Vérité et réconciliation canadienne, plus de 4000 enfants sont morts dans ces pensionnats.
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