Colombie : des centaines de milliers de personnes manifestent contre le gouvernement
Retraites, nouvelle Constitution, pouvoir d’achat, réforme de la santé... Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Bogota, Cali, Medellin, Carthagène, dimanche 21 avril 2024. Les mots d’ordre étaient nombreux, mais ils avaient une seule cible : le gouvernement colombien. En réponse, Gustavo Petro, le premier président de gauche de la Colombie, élu depuis moins de deux ans, qualifie cette vague de mécontentement de "coup d’État mou". Ce sont des manifestations pacifiques, mais orchestrées par la droite libérale colombienne dans l’unique but de faire tomber le gouvernement, selon le président Gustavo Petro. Il a d’ailleurs minimisé l’ampleur de la contestation : 250 000 personnes, selon Gustavo Petro, le double d’après les organisateurs.
À l’origine, la mobilisation de ce week-end portait le nom de "Marche des blouses blanches" et donc des personnels de santé, un secteur qui est au bord de l’effondrement en Colombie. Un modèle unique en Amérique latine, financé en grande partie par l’État, mais dont la gestion est assurée par des entreprises privées, les Entités de promotion de la santé (EPS). Ce sont des intermédiaires entre les patients affiliés (c’est-à-dire 98% de la population colombienne) et tout un réseau de prestataires et d’hôpitaux, qu’ils soient publics ou privés.
Un projet de réforme de la santé rejeté par centre et la droite libérale
Ces EPS ne donnent absolument plus satisfaction. Les organismes sont surendettés, ne paient pas leurs clients et imposent des délais de plusieurs mois aux patients. De l’argent public géré par des entreprises privées, c'est la raison de la discorde et le cœur de la crise, pour Johnattan Garcia Ruiz, expert en politique de Santé à l’Université d’Harvard. "Ces derniers mois, les EPS ont réclamé au gouvernement une augmentation des contributions. Le gouvernement a vu les choses différemment et ouvert une enquête pour savoir ce qu’étaient devenus les fonds publics dépensés par les EPS, mais qui n’ont pas été utilisés pour la prise en charge des patients. Ça fait partie des raisons pour lesquelles le gouvernement a voulu réformer le système de santé", explique-t-il.
Le gouvernement de Gustavo Petro a donc fait un projet de réforme pour nationaliser la santé colombienne et garantir l’accès aux citoyens les plus isolés. Mais ce projet a été largement rejeté début avril par les partis du centre et de la droite libérale. Une opposition qui était en première ligne ce week-end, aussi bien pour attiser la contestation que pour bloquer les solutions apportées par Gustavo Petro. "Des élites conservatrices", selon les propres termes du président colombien, qui veulent continuer de capter l’argent public pour en faire profiter le secteur privé. Une opposition mobilisée pour défendre le statu quo, quand l’autre partie du cortège dénonce l’incapacité du gouvernement à changer de système.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.