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Covid-19, guerre en Ukraine... les crises ont réveillé l'Union européenne

Au-delà des questions économiques, l'Union européenne pouvait sembler inerte. Mais les récentes crises l'ont obligée à agir et à sortir d'une forme de naïveté.
Article rédigé par franceinfo, Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des drapeaux européens à l'entrée du siège de la Commission européenne, à Bruxelles, le 19 mai 2023. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"L'Europe, quel est son numéro de téléphone ?" Cette plaisanterie d'Henri Kissinger, le chef de la diplomatie américaine dans les années 70, a montré à quel point les Européens étaient vus comme divisés, peu audibles, peu coordonnés. Égoïsmes nationaux, bureaucratie, lenteurs des prises de décisions : il est vrai que le portrait n'était pas complètement infondé. 

Une puissance géopolitique

Pourtant, les crises de ces dernières années ont comme réveillé l'Union européenne. Il aura fallu la pandémie puis la guerre en Ukraine pour que l'UE s'en rende compte : elle n’est pas seulement un grand marché, elle est aussi une puissance géopolitique. Pour la première fois, il y a deux ans, l'Union européenne a emprunté sur les marchés pour financer le plan de relance post-covid. Un emprunt commun, au nom des 27, afin d'éviter le "chacun pour soi". 

Avec la guerre en Ukraine, l'Europe s'est mise d'accord sur des sanctions contre la Russie. Même si l'envoi d'armement est resté la prérogative de chaque État. Un réveil européen aussi dans le domaine économique. Face au plan de Joe Biden, qui subventionne à coup de milliards de dollars les industries vertes qui s'installent en Amérique du Nord, l'Europe a réagi. Elle a mis en place elle aussi un plan de soutien, pour éviter la fuite des entreprises de l'autre côté de l'Atlantique. 

Même si tous les pays n'ont pas la même vision, la France est plus portée sur les dépenses publiques que les Pays-Bas par exemple, les 27 ont pris conscience de leur intérêt commun, y compris face à un allié comme les États-Unis. 

La faiblesse des outils contre les puissances étrangères

Bien sûr, l’Europe n'est pas totalement sortie de sa naïveté, ou de sa faiblesse. Il reste du chemin à faire. D'abord parce que les cultures nationales sont différentes, les partis au pouvoir aussi, dans toute l'Europe. Sur la question de la défense, pa exemple, la France et l'Allemagne voient les choses très différemment. Paris veut mettre en place une politique de défense autonome, avec à terme des armements 100% fabriqués en Europe. Berlin, de son côté, ne veut pas renoncer à la protection des États-Unis. D'ailleurs, le programme de défense anti-missile envisagé par l'Allemagne et plusieurs pays de l'Europe de l'Est, serait conçu avec du matériel américain et israélien. 

Le scandale dit du Qatargate au Parlement européen, ce réseau présumé de corruption et d’influence sur lequel enquêtent les polices européennes, montre également la fragilité européenne. Au sein des institutions de Bruxelles, les outils de contrôle, de renseignement, de sanctions sont encore trop faibles contre des puissances étrangères qui veulent influencer les décisions de l’Union européenne. 

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