Covid-19 : l'épidémie explose au Brésil
Le plus grand pays d'Amérique du Sud redevient l’épicentre de l’épidémie de coronavirus. Les chiffres sont catastrophiques, à tel point que le président Jair Bolsonaro commence à promouvoir, enfin, de réelles mesures sanitaires.
Ce sont les médecins brésiliens qui l'affirment : le système de santé du Brésil est au bord de l'effondrement. Lors de la seule journée du mardi 16 mars 2021, le Brésil a recensé 2 840 morts, un chiffre sans précédent. C’est quatre fois plus que la moyenne de janvier, et la courbe ne cesse de grimper. Avec désormais officiellement plus de 280 000 morts du Covid-19, le pays est le deuxième le plus endeuillé de la planète derrière les États-Unis.
La défiance des Brésiliens envers leur président
Rapporté à la population totale, le nombre de morts est comparable à celui de la France. Sauf qu’au Brésil, tout indique que le bilan réel est beaucoup plus lourd, peut-être deux fois plus de morts que les statistiques officielles. Dans les trois quarts du pays, les services de réanimation des hôpitaux sont au bord de la saturation. La pandémie semble définitivement hors de contrôle au Brésil, d’autant plus que le pays est confronté à un variant très contagieux, le variant amazonien apparu à Manaus. Pour ne rien arranger, la vaccination avance très lentement, moins de 5% de la population a reçu une dose. Bref, tous les indicateurs sont au rouge.
Face à cette situation et pour la première fois, le président d'extrême-droite Jair Bolsonaro commence à prendre le sujet au sérieux, lui qui depuis un an coche toutes les cases de l’incohérence sanitaire, allant même jusqu’à dénoncer les "pleurnicheries" de la population. Mais les Brésiliens ont fini par prendre conscience de ces incohérences, et les dernières enquêtes d’opinion sont mauvaises pour le président. Seulement 18% des Brésiliens lui font confiance pour faire face à la pandémie, entre 54% et 61% désapprouvent son action, et ils sont même 43% à le considérer comme le principal responsable de cette situation catastrophique.
Volte-face partielle de Bolsonaro
Jair Bolsonaro se sent aujourd'hui menacé. Il faut dire qu'une commission d'enquête parlementaire est désormais envisagée sur la gestion de la pandémie. Il y a aussi le retour dans le jeu politique de l’ancien président de gauche Lula qui bouscule les équilibres, Lula dont le premier acte a été de se faire vacciner devant les caméras. Le président engage donc une volte-face. Il vient de changer son ministre de la Santé (le quatrième en deux ans), en remplaçant un militaire par un cardiologue. Le président arbore aussi régulièrement un masque, et il fait maintenant campagne pour la vaccination, qu’il estimait inutile jusqu’à présent. Le pays vient d’annoncer son intention de commander massivement des doses du vaccin Pfizer.
Cela dit, son changement de cap n’est que partiel, puisque Bolsonaro reste apôtre de l’hydroxychloroquine dont l’utilité n’a jamais été démontrée. Et surtout, il persiste à refuser toutes les mesures de confinement, dont on sait pourtant qu’elles sont efficaces pour lutter contre la propagation du virus. Sur ce sujet, il s’oppose à plusieurs maires de grandes villes ou gouverneurs régionaux qui ont de leur côté imposé des restrictions sévères, c’est le cas par exemple à Sao Paulo, la capitale économique du pays. Mais le président d'extrême-droite estime que le confinement est trop impopulaire au Brésil, et que cela pourrait handicaper ses chances d’être réélu dans un an et demi. Sauf qu'au rythme actuel, le virus aura eu le temps de ravager le pays.
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