Covid-19 : la Russie s'arrête dix jours face à la pandémie
Vladimir Poutine a décidé que la Russie allait se mettre en pause à partir du 1er mai avec dix jours fériés consécutifs dans le pays pour enrayer la pandémie de Covid-19.
Tout le monde se retrouve au repos en Russie dans la soirée du vendredi 30 avril jusqu’au 10 mai inclus. Le 1er mai et le 8 mai sont d’office fériés en Russie mais le président russe a décidé de "faire la jonction". Il s'agit d'une sorte de super pont, pour ralentir l’activité et limiter les déplacements, en particulier dans les transports en commun en ville, pour limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19.
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Vladimir Poutine a signé le 23 avril le décret présidentiel qui institue ces jours fériés exceptionnels. Une décision prise après une préconisation de la directrice de l’agence sanitaire russe, Ana Popova et pour une raison simple : les chiffres de contamination ont cessé de baisser depuis début avril. Ces derniers jours, ils repartent même à la hausse, en particulier à Moscou. La capitale russe a enregistré 3 200 nouveaux cas le jeudi 29 avril, c’est presque le double de la veille, et la situation est particulièrement surveillée à Moscou. Le maire de la ville Sergueï Sobianine se dit très inquiet.
Une vie en apparence normale mais des chiffres de mortalité inquiétants
Mais le paradoxe est que, hormis ce décret qui institue des jours fériés en série, il n’y a aucune mesure de restriction supplémentaire. Depuis l’automne, la vie est presque normale en Russie ; après une "deuxième vague" meurtrière, toutes les restrictions ont été levées. Les restaurants et les bars fonctionnent normalement. Les magasins sont ouverts. Les salles de spectacle accueillent du public avec une jauge de 50%. Les déplacements sont autorisés. Il n’y a pas de couvre-feu. Le port du masque est assez aléatoire. Et les réunions de travail s’effectuent pour la plupart en présentiel, sans précaution particulière. À première vue, ça parait merveilleux mais ce n’est qu’une apparence.
En réalité, le virus circule, et sans doute beaucoup. La preuve est venue des statistiques officielles, qui se contredisent elles-mêmes les unes avec les autres. Officiellement, la Russie compte 107 000 morts du coronavirus, à peu près comme la France. Comme elle compte deux fois plus d’habitants, on se dit d’abord que son bilan est nettement meilleur ou moins mauvais que le nôtre. Sauf que les mêmes statistiques officielles révèlent une surmortalité de plus de 400 000 personnes depuis 12 mois avec une baisse sans précédent de l’espérance de vie de deux ans. On voit mal ce qui peut causer cette surmortalité en dehors de la pandémie. En fait, le taux de mortalité lié au Covid-19 en Russie est donc sans doute l’un des plus élevés du monde.
Seulement 9% des Russes vaccinés
Mais le pouvoir a décidé de laisser faire. Une stratégie de l’immunité collective, quitte à risquer un nombre de morts élevé : dissimulation des chiffres, et priorité donnée à l'État sur les individus. Donc on privilégie la poursuite de l’activité économique. On mise sur l’immunité à terme. De plus, les Russes ne se précipitent pas non plus pour se faire vacciner. À peine, 12 millions de russes ont reçu une première dose du vaccin maison Spoutnik V. Cela représente seulement 9% de la population, trois fois moins qu'en France. Le scepticisme face au vaccin est très fort, un tiers seulement des Russes se dit prêt à se faire vacciner. Ce ne sont pas ces dix jours fériés consécutifs qui vont y changer grand-chose.
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