Désinformation : les États-Unis créent une alliance mondiale pour lutter contre les manipulations venues de l'étranger
Cette menace diffuse est un problème majeur aux États-unis et les Américains sont très actifs sur le sujet depuis plusieurs mois déjà. Ils espèrent que derrière la Grande-Bretagne et le Canada, d’autres puissances se rallieront à cette première coalition de lutte contre l’ingérence étrangère via la désinformation.
2024 est une année électorale cruciale, une année de conflits, une année d’expansion aussi d’une nouvelle technologie : l’intelligence artificielle. Près de 60% des électeurs américains sont convaincus que l’arrivée de l’IA amplifiera la diffusion de fake news avant les élections de novembre. Les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne prévoient donc de coordonner leurs efforts pour lutter contre la manipulation de l’information par des États étrangers.
Défendre l’intégrité de l'espace informationnel
De la même manière que toutes les armées du monde garantissent l’intégrité de leur territoire, l’idée est ici de permettre à tous les pays de défendre l’intégrité de leur espace informationnel. Une menace protéiforme s'infiltrant par les réseaux sociaux, le dark web et, récemment, une menace dont les faux contenus sont publiés par des institutions douteuses.
Le département d’État américain, chargé des relations internationales, en a d’ailleurs identifié quelques-unes. Des fabriques de contenus comme le Fort Russ News, le Centre d’études syncrétiques, ou encore Nova Resistencia, au Brésil, font partie de la liste. Ces trois organisations se présentent comme authentiques et en phase avec les préoccupations locales, mais en réalité elles distillent l’idéologie du philosophe russe Alexandre Douguine. Cette pensée présente deux objectifs : unir les extrêmes droites et les extrêmes gauches du monde entier pour remettre en cause la démocratie et bousculer l’ordre international.
"Tous les pays peuvent s’exprimer, mais de façon transparente"
Face à cette manipulation, les États-Unis proposent de mettre à disposition les compétences du GEC, le Centre Global d’Engagement, dont l’envoyé spécial s’appelle James Rubin, un ancien journaliste, également ancien assistant de Bill Clinton. James Rubin explique que c’est dans les Balkans que le GEC a proposé pour la première fois son aide, en Macédoine du Nord, Bulgarie, Slovaquie, trois pays très exposés à la désinformation. "Ce que nous avons fait, explique-t-il, c’est de leur transmettre des outils pour analyser cet empoisonnement de leur espace informationnel, c'est-à-dire une meilleure approche des médias gratuits, de la vérification de l’info et une architecture pour mieux résister. Que la Chine, la Russie exposent leurs points de vue n’est pas un problème. Ce qui est un problème, c’est lorsque c’est fait de manière détournée, par une main invisible. Tous les pays peuvent s’exprimer mais de façon transparente."
Puisqu'il faut être tout à fait transparent, il faut préciser que le GEC fait partie du département d’État américain. Cela l’expose donc à la suspicion de vouloir imposer le récit de Washington face aux influences russes et chinoises. Dans un monde idéal, un organe de ce type serait essentiel, mais aurait l’obligation d’être totalement indépendant.
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