Davos : la désinformation est la plus grande menace pour le monde en 2024, selon les experts

La plus grande préoccupation des experts de l’économie mondiale pour 2024, année remplie de scrutins électoraux dans le monde entier, n'est pas le climat, ni les conflits ou la polarisation de nos sociétés, mais les fausses informations.
Article rédigé par franceinfo
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De nombreuses sociétés de sécurité numérique pointent aujourd’hui la Chine, la Russie et l’Iran comme des nations abritant des "agents d’États agressifs". (photo d'illustration) (IGOR STEVANOVIC / 500PX / 500PX PLUS/ GETTY Images)

Le problème de la désinformation va particulièrement toucher cette année 2024. En effet, pour la moitié de la population mondiale, 2024 sera une année électorale. On vient de voter à Taïwan, mais on votera également au Pakistan, au Sénégal, au Mexique, et il y aura des scrutins déterminants dans l’équilibre géopolitique mondial, en Inde, en Grande-Bretagne, en Russie, aux États-Unis... En comptant les élections européennes de juin, 77 pays au total sont concernés, et plus de 3 milliards de personnes seront appelés à se rendre aux urnes cette année.

Un boulevard pour les professionnels de la désinformation

Les campagnes électorales sont des fenêtres uniques pour l'industrie de la désinformation. Les citoyens s’intéressent, s’interrogent, ouvrent grand leurs oreilles pour entendre les candidats sur des thématiques qui leur sont chères. Pour les experts de Davos, la santé, l’éducation, le pouvoir d’achat font partie des sujets qui divisent le plus. Et cette année, tout est réuni pour que les fausses informations se propagent de manière exponentielle.

Saadia Zahidi, directrice du rapport de Davos, nous donne les ingrédients du cocktail redoutable que nous prépare cette année 2024 : "Vous avez ces deux critères : des difficultés économiques pour le plus grand nombre et l’augmentation de la production de contenus synthétiques. Vous ajoutez à cela  une échéance électorale, où les gens décideront des personnes qui vont les diriger. Quand vous mélangez tout, ça vous donne un mélange très dangereux. La question devient alors : qui sera celui qui détiendra la vérité ?"

Identifier les contenus manipulés

L'année 2024 sera donc propice à ceux qui ont pour objectif de fabriquer, d'imposer leur vérité. L’an dernier, au Brésil, des agences de vérification ont observé que, durant la campagne, les équipes de l’ancien président avaient dépensé plusieurs millions d’euros pour une production de fausse information, "de plus en plus sophistiquée et à une échelle industrielle". Mais la menace vient aussi de l’extérieur. De nombreuses sociétés de sécurité numérique pointent aujourd’hui la Chine, la Russie et l’Iran comme des nations abritant des "agents d’États agressifs".

Leur but est de déstabiliser, diviser, influencer l’opinion, avec toujours le même terrain de jeu : les réseaux sociaux. Dopés depuis peu par la déferlante de l’Intelligence artificielle, les réseaux sociaux deviennent redoutables. On observe par exemple cette vague d’influence, que l’entreprise META a surnommé "Doppelgänger" ("sosie" ou "double" en français). Il s'agit d'une "vague" spécialisée dans la création de faux comptes d’institutions, internationales ou européennes, destinés à diffuser subtilement de la propagande russe. La société Open AI (créatrice de Chat GPT) affirme mettre en place des outils de traçage, des marqueurs numériques secrets, pour identifier les contenus manipulés. Ses fondateurs ont déclaré lundi qu’ils n’autoriseront pas l’utilisation de programmes comme ChatGPT dans des campagnes politiques, même si la technologie en question est d’ores et déjà accessible au plus grand nombre et très facile à utiliser.

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