En Afghanistan, la catastrophe humanitaire au menu d'une réunion à huis-clos accueillie par le Qatar
Il y a des déclarations préliminaires qui montrent clairement que les participants sont face à une impasse. Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU précise que cette réunion doit "redynamiser l'engagement international autour d'objectifs communs vers un chemin durable concernant la situation en Afghanistan".
Une formule alambiquée, signe d’embarras pour des participants qui marchent sur des œufs : 25 pays et organisations parmi lesquels se trouvent les envoyés spéciaux des États-Unis, de la Chine et de la Russie. C'est à eux qu'il revient de trouver la bonne posture face à des talibans qui ne sont pas des fanatiques de l'ouverture. Et la tâche n'est pas aisée.
La réunion pourrait déboucher sur des "petits pas"
Le Qatar accueille lundi et mardi 1er et 2 mai une réunion à huis-clos sous l'égide de l'ONU. Les Nations-unies s'inquiètent de la situation catastrophique sur le plan humanitaire depuis le retour au pouvoir des talibans à l'été en Afghanistan en 2021.
Il s'agit de voir comment prendre en compte le sort des populations, notamment depuis que le régime en place à Kaboul a interdit aux femmes de travailler pour les différentes ONG. L'ONU cherche une façon d'inciter les talibans à assouplir leur position sur les droits des femmes. Il faut dire que des propos n'aident pas.
Comme ceux de la secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina Mohammed, le mois dernier. Elle a affirmé que la réunion de Doha pourrait déboucher sur des "petits pas" vers une éventuelle "reconnaissance de principe" du gouvernement taliban, sous "conditions". Des propos qu'il a fallu déminer. L'ONU et le département d'État américain se sont empressés de dire que ces phrases ont été mal interprétées et que " toute forme de reconnaissance des talibans est totalement exclue".
Trouver une issue honorable
C'est comme si les Nations unies étaient prises au piège. Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, le reconnaît lui-même. Son organisation est face à un "choix épouvantable". Il doit trouver un moyen de maintenir un flux d'aide humanitaire satisfaisant vers l'Afghanistan, tout en composant avec l'interdiction de travailler faite aux femmes. Or l'ONU juge essentielle l'intervention des femmes dans ce pays. Tout d'abord et c'est bien normal, sur un plan purement égalitaire. Mais aussi parce qu'elles sont les mieux placées pour agir auprès des femmes afghanes opprimées.
La ligne de crête est si mince que ce "choix épouvantable" se résume presque à maintenir les aides humanitaires et donc quelque part cautionner les talibans, ou bien à les retirer et ainsi enfoncer un peu plus les populations locales. En somme, deux mauvaises solutions.
Le lieu est tenu secret
En théorie, les talibans ne sont pas invités aux discussions. En apparence, personne ne discute avec eux. Mais en pratique, ce choix du Qatar pour tenir cette réunion n'est pas innocent : les talibans ont une représentation permanente à Doha où tous les participants à la réunion onusienne peuvent se rendre librement pour des échanges bilatéraux avec les émissaires de Kaboul. Le lieu de leur réunion reste tenu secret, mais dans cette configuration, il est fort probable que le gouvernement taliban ait vent de quelques échos, quasiment en temps réel.
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