En Allemagne, l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 65 ans
Au moment où Elisabeth Borne présente le projet du gouvernement sur la réforme des retraites, regardons comment fait notre premier partenaire et plus grand voisin, l’Allemagne avec un âge légal de départ à la retraite fixé à 65 ans.
L'âge légal de départ à la retraite est donc, à ce jour, trois ans plus tard qu'en France. Et d’ici à 2029, cet âge légal en Allemagne doit même passer à 67 ans. Pour partir avec une retraite à taux plein, il faut avoir cotisé 45 ans. Les systèmes du public et du privé ont été harmonisés il y a maintenant une quinzaine d’années et le système par répartition, globalement similaire au départ à celui de la France, a été complété par de la capitalisation.
À première vue, les règles sont plus dures qu’en France mais l’écart se réduit dans la pratique. Si on compare l’âge réel de départ à la retraite et non pas l’âge légal (donc théorique), la différence n’est plus aussi significative : 63 ans en moyenne en France, un peu plus de 64 ans en Allemagne. Nos voisins sont surtout motivés par la volonté politique de ne pas dépenser trop d’argent sur les retraites : elles représentent environ 10% du produit intérieur brut en Allemagne contre 14% en France.
18% de retraités pauvres
Autrement dit, l'Allemagne investit moins d’argent dans les retraites ; en bout de chaine, il y a plus de retraités pauvres et il ne fait pas très bon être retraité en Allemagne. Ce que l’on appelle le taux de remplacement dépasse à peine les 50%, ce qui signifie qu'un retraité touche environ la moitié de son ancien salaire. En France, ce taux s'élève à presque 73%. C’est une différence considérable et elle s’est encore accentuée depuis que l’Allemagne a libéralisé son marché du travail avec les réformes Hartz il y a une vingtaine d’années : elles ont créé des sortes de "mini-jobs", avec très peu de cotisations retraite.
Pour ne rien arranger, les retraites ne sont pas indexées sur l’inflation. Quant au minimum garanti pour les pensions, il n’a que deux ans d’existence. Conséquence directe : près de 18% des Allemands de plus de 65 ans sont considérés comme pauvres, c’est deux fois plus qu’en France. Sur ce plan, l’Allemagne est avec l’Irlande le pays le plus mal loti en Europe. Beaucoup de retraités allemands continuent en fait à travailler, un million d’Allemands de plus de 67 ans ont toujours une activité dans les transports, les services, la grande distribution, la Poste, etc... Dernier paramètre : la disparité élevée, comme en France, entre hommes et femmes : 1 200€ de retraite moyenne pour un homme, 850€ pour une femme.
Un pays vieillissant en manque d'actifs
Le financement du système de retraites en Allemagne pâtit surtout de la démographie allemande. Le pays est vieillissant, beaucoup plus que la France. Certes, l’Allemagne est le pays le plus peuplé d’Europe avec 83 millions d’habitants mais sa population n’augmente plus, voire diminue certaines années. Le taux de fécondité n’est que de 1,5 (1,8 en France) alors que l’espérance de vie continue d’augmenter. Résultat : le pays vieillit, 24 millions d’Allemands ont plus de 60 ans, c’est presque 30% de la population et les actifs ne sont plus assez nombreux. Cette situation a permis pendant plusieurs années de limiter le taux de chômage mais aujourd’hui, elle conduit le nouveau gouvernement à envisager une réforme pour favoriser l’immigration, attirer plus de travailleurs étrangers, donc plus de cotisants à la Sécurité Sociale, pour financer les retraites.
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