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En Espagne, une 4e enquête judiciaire ouverte contre l'ex-roi Juan Carlos

Les démêlés de l'ancien monarque avec le fisc continuent, avec l’ouverture de cette nouvelle investigation par la Cour suprême espagnole.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ancien souverain espagnol Juan Carlos à Luxembourg le 4 mai 2019, pour les obsèques du Grand Duc du Luxembourg (JOHN THYS / BELGA)

C'est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. En février dernier, Juan Carlos, qui s’est exilé aux Emirats Arabes Unis, avait procédé à une régularisation fiscale auprès des impôts espagnols. Et pas une petite somme : plus de quatre millions d'euros, très précisément 4 395 901 euros. Il entendait ainsi rembourser toute une série de vols en jet privé effectués pendant des décennies sur les deniers publics, par l’intermédiaire d’une fondation basée au Liechtenstein. Autrement dit, c’était une façon d’affirmer qu’il se mettait en règle avec le fisc, avec l’espoir d’un abandon de certaines poursuites contre lui.

Et c’est l’inverse qui se produit : le parquet de la Cour suprême espagnole ouvre une nouvelle enquête car il s’interroge sur l’origine de ce remboursement. Officiellement, l’ex-roi a emprunté de l’argent auprès d’une dizaine de généreux donateurs, des hommes d’affaires, des aristocrates qui lui ont fait des prêts, le plus souvent à taux zéro. Mais le montage de l’affaire ne semble pas très transparent : ni l’origine exacte des fonds, ni les conditions de remboursement des emprunts.

En mars dernier, la porte-parole du gouvernement espagnol, très critique vis-à-vis de Juan Carlos, avait d’ailleurs précisé que les impôts entendaient vérifier si la régularisation était bien "authentique et complète". Visiblement, ils ont un doute, donc nouvelle enquête.  

Des soupçons de pots-de-vin massifs

L'ex-roi fait déjà l’objet de trois investigations, ouvertes à la fois en Espagne et en Suisse. Il est soupçonné de fraude fiscale massive et de blanchiment d’argent à travers plusieurs comptes bancaires dans des paradis fiscaux via des sociétés écrans. Le soupçon principal porte sur des commissions occultes versées au roi par l’Arabie saoudite dans le cadre de l’attribution d’un marché sur la construction de la ligne de chemin de fer entre Ryad et Médine, marché attribué à des entreprises espagnoles.

Et pour donner une idée des sommes dont on parle, une ancienne amie du roi affirme qu’il lui a donné 65 millions d’euros il y a quelques années. Cela donne une idée de l'échelle : on est très au-dessus des quatre millions de régularisation effectués il y a deux mois, donc là aussi, cela sème le trouble.  

En exil doré à Abu Dhabi

Juan Carlos, lui, coule des jours tranquilles aux Emirats Arabes, plus précisément à Abu Dhabi, la capitale politique des Emirats, qui sont les alliés de l’Arabie saoudite. L’ancien monarque s’y trouve depuis le mois d’août, après avoir fui l’Espagne. Et il continue, malgré tout, d’être en partie entretenu par le gouvernement espagnol, à la fois pour des raisons de sécurité et compte tenu de son statut d’ancien chef de l’Etat.

Mais cela fait débat : ce 12 mai le gouvernement a dû s’en expliquer devant le Parlement. Juan Carlos, qui a abdiqué il y a sept ans au profit de son fils Felipe, après quatre décennies passées sur le trône, est aujourd’hui âgé de 83 ans. Il est désormais peu probable qu’il retourne jamais en Espagne. Et son image, autrefois positive (il était l’homme qui avait su accompagner la transition du pays du franquisme vers la démocratie), est désormais durablement ternie.      

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