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En Haïti, la crise institutionnelle se poursuit

L’opposition estime que le mandat du président de la République en exercice a pris fin dimanche dernier, tandis que Jovenel Moïse ,lui, se dit légitime jusqu’en 2022. Cette crise institutionnelle aggrave la violence qui règne dans le pays.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des affrontements entre la police et des manifestants ont eu lieu près du Palais présidentiel à Port -au-Prince, capitale d'Haïti (08 février 2021). (JEAN MARC HERVE ABELARD / EFE)

Une forte tension règne en Haïti mercredi 10 février. La population attend le dénouement d’une crise institutionnelle. Le pouvoir du chef de l’État, Jovenel Moïse, est remis en cause par une partie de l’opposition qui a désigné comme dirigeants intérimaires trois juges de la Cour de cassation. En guise de réponse, le président haïtien a mis à la retraite les juges concernés et vient de faire arrêter l’un d’entre eux.

Le problème de cette crise institutionnelle en Haïti, c’est qu’il n’y a personne pour l’arbitrer en raison de l'absence d’un Conseil constitutionnel. Le chef de l’État, Jovenel Moïse, d’un côté et les magistrats haïtiens de l’autre se déchirent à propos de la date de fin du mandat présidentiel. Un conflit lié à une première élection, annulée pour fraude, puis à un autre scrutin qui a une nouvelle fois porté Jovenel Moïse à la présidence, un an plus tard, en 2017.

L’opposition estime que le mandat du président en exercice a pris fin dimanche dernier, tandis que Jovenel Moïse, lui, se dit légitime jusqu’en 2022. Cette deuxième analyse semble être partagée par l’ONU et les États-Unis qui appellent toutefois le président haïtien à la retenue et au retour à un fonctionnement démocratique. Le régime n’en prend pas le chemin avec l’arrestation de l’un des trois juges contestataires mis d’office à la retraite par le président. Cette interpellation fait partie d’une vingtaine d’arrestations le week-end dernier officiellement pour tentative de coup d’État. Le pouvoir assure avoir saisi des fusils d’assaut, des pistolets automatiques et des machettes.

La population haïtienne fait les frais de cette situation

Haïti reste le pays le plus pauvre du continent américain et la majorité de la population se terre en suivant ce bras de fer politique sur les réseaux sociaux et les radios. Il y a eu la semaine dernière des manifestations contre le pouvoir en place qui gouverne par décrets faute de parlement pour voter les lois. Cette crise institutionnelle aggrave la violence qui règne en Haïti, où souvent des gangs font la loi avec des trafics en tous genres, du racket et même des enlèvements contre rançon.

Parallèlement, l’arrivée d’Haïtiens de la diaspora venus en vacances, notamment de Floride, a fait bondir la pandémie de Covid-19 qui était jusqu’à présent assez contenue. Pour autant que l’on puisse en juger car les tests ont manqué. Le pays fait partie de l’initiative Covax, élaborée par l’Organisation Mondiale de la Santé pour les pays pauvres. Mais ce programme de vaccination qui ne concernera que 20 % de la population n’a pas encore commencé. Et il prendra du temps, notamment en raison des contraintes logistiques.

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