En Islande, des milliers d’internautes se passionnent pour la décomposition d’un burger périmé depuis dix ans
Il y a dix ans, le groupe américain McDonald's quittait l'Islande. Mais un burger (et ses frites) résistent encore et toujours à la décomposition. Et cela passionne les Islandais.
L'histoire commence le 31 octobre 2009, année où le système bancaire et l'économie islandaise s'effondrent. Le pays est en pleine crise. Après 16 ans de présence, le géant de la restauration rapide McDonald's - qui se bat avec des coûts d'importation très élevés - décide de fermer ses trois restaurants... et de plier bagage.
Un habitant bien inspiré, Hjörtur Smárason, achète alors un burger et une barquette de frites : pas pour les manger, mais en guise de souvenir (il n'existe pas beaucoup de pays où Mac Donald's capitule !). Comme il a entendu dire que la cuisine de McDo ne se décompose jamais, il met le burger et ses frites dans un sac plastique, ou sous cloche (le récit est un peu flou sur ce point), et il le garde quelques années au fond de son garage.
Un burger dans une vitrine
Les années passent, le burger reste intact. Hjörtur Smárason en fait d'abord don au Musée national d'Islande qui au bout d'un moment se lasse. Après quelques péripéties, le burger finit par se retrouver au Snotra House, une maison d'hôtes dans le village de Thykkvibaer. Il y est, là aussi, exposé comme une véritable oeuvre d'art, dans une vitrine en verre bien étanche, elle-même posée sur un joli napperon au crochet. D'après le propriétaire de l'établissement, Sigurdur Gylfason, des vacanciers "du monde entier font exprès le détour (...) notamment en été, pour venir le voir !" Le burger est un petit peu palôt, un peu fripé, mais il porte bien ses dix ans d'âge.
Pas d'humidité, pas de décomposition
"MacDo" jure que les conservateurs n'y sont pour rien ! L'entreprise a du se justifier en 2013. Quand il n'y a pas beaucoup d'humidité, que ce soit dans l'aliment lui-même ou dans l'environnement, les bactéries et les moisissures ne peuvent pas se développer. Il n'y a pas de décomposition.
Si vous voulez vous en convaincre, vous pouvez aussi aller faire un tour au musée de Sainte-Mère-Eglise, en Normandie : on y voit une bouteille de Coca-Cola de 1944, qui faisait partie du paquetage d'un soldat américain pendant le débarquement. Elle est très bien conservée !
Mais pour assister en direct à la longue agonie du hamburger, vous pouvez aussi suivre la webcam islandaise qui est braquée en permanence sur le burger et ses frites. L'hôtelier de la Snotra House revendique jusqu'à 400 000 connexions par jour. C'est à dire plus que le nombre total d'habitants en Islande.
MacDo absent d'Islande
Vous ne trouverez sur l'île ni MacDo, ni Burger King, ni Dunkin Donuts... La chaîne a fermé au début de l'année exactement pour les même raisons que le géant du fast food il y a dix ans. Les coûts d'importation dans ce pays très isolé, situé près du Groënland, plombent les comptes des entreprises, qui ne peuvent pas non plus faire des économies d'échelle en raison de la petite taille de l'île.
Après la crise de 2008, la couronne islandaise a aussi chuté de manière importante par rapport à l’euro, de fortes fluctuations il y a deux ans ont entraîné une augmentation des prix vertigineuse : en Islande les prix à la consommation sont beaucoup plus élevés qu'en Europe. Comptez 8 / 9 euros pour une bière pression, 17 euros pour une pizza margharita ! Les touristes sont souvent échaudés, et pourtant ce sont eux qui pourraient faire croître le marché intérieur et permettre aux chaînes internationales de revenir dans le pays : 355 000 habitants, mais 2 400 000 touristes l'an dernier.
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