Euro 2024 : football et politique, le "cocktail signature" du leader nationaliste hongrois Viktor Orban
En Hongrie, tous les regards vont se tourner vers l’équipe nationale de football qui débutera l’Euro de football samedi 15 juin contre la Suisse, avec comme premier supporter Viktor Orban. Dès 1998, dès que l’ancien joueur pro a lâché les crampons pour la politique, Viktor Orban a placé le football au cœur d’une stratégie de soft power, dans le but de renforcer l’identité hongroise, une nation qu’il considère historiquement "blanche et chrétienne".
Un pays, Orban le répète chaque année lors de sa Conférence d’Action Politique Conservatrice, qui ne se mélange pas : "Si nous nous sommes divisés, c’est que nous avons accepté de nous mélanger. Mais nous ne voulons pas devenir une race mixte. C'est la grande bataille historique que nous menons : démographie, migration, genre". Voilà les grands principes que Viktor Orban s’est employé à diffuser en utilisant le football comme outil de propagande.
Son gouvernement finance les clubs de minorités hongroises en Croatie, en Serbie, ou encore en Roumanie, mais avant cela, Viktor Orban a commencé par rénover l’intégralité des stades aux quatre coins du pays. Son gouvernement a ensuite créé un outil d’exonération fiscale qui a permis de récolter, en dix ans, près d’un milliard d’euros, de l’argent destiné principalement aux équipes de la première division hongroise. Et 11 des 12 clubs de l’élite sont aujourd’hui présidés par des membres affiliés au Fidesz, le parti nationaliste de Viktor Orban. "L’essence du football est similaire à celle de la politique. La question n’est pas de savoir où se trouve le ballon maintenant, mais de savoir où il va se trouver. Et si vous comprenez avant les autres, vous êtes le premier à agir et vous pouvez gagner", selon Viktor Orban.
Un cocktail aux résultats contrastés
Politiquement, la pensée politico-footballistique de Viktor Orban a plutôt bien porté ses fruits. Viktor Orban a été réélu en 2022. Et, même s’il espérait mieux, son parti est arrivé en tête des élections européennes le week-end dernier. Sur le plan sportif, en revanche, on peut se poser la question, car l’idée d’Orban, c’est bien sûr de faire renaître le mythe des "puissants Magyars".
Cette équipe 100% hongroise, l’équipe de Ferenc Puskas, dont les exploits remontent aux années 50. Ça commence à dater un peu et si la sélection hongroise est en progrès, elle participera demain à son troisième Euro consécutif. Elle ne s’est inclinée que deux fois sur ses 20 derniers matchs. Si elle progresse, c’est avant tout grâce à quatre joueurs : Nego, Styles, Dardaï et Willi Orban. Ce dernier n’a aucun lien avec le leader nationaliste. Lui, comme les autres, sont nés à l’étranger et ne parlent pas un mot de hongrois. Un paradoxe avec l’identité magyar dont rêve Viktor Orban, celle d’une société qui ne se mélange pas.
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